TEHERAN (AFP) — L'Iran a annoncé samedi la pendaison d'un ingénieur télécoms iranien condamné à mort en juin pour "espionnage" en faveur d'Israël, avertissant qu'une nouvelle "bataille des renseignements" a commencé avec l'Etat hébreu, ennemi juré de la République islamique.
"Ali Ashtari, l'espion du Mossad, a été pendu le lundi 17 novembre. Il a espionné au profit du Mossad pendant trois ans", a déclaré le directeur général du ministère des Renseignements chargé du contre-espionnage, cité par l'agence Irna.
"Avec l'annonce de la pendaison d'Ashtari, nous avons voulu montrer que de nouvelles batailles des renseignements ont commencé avec l'ennemi et que ces batailles sont devenues plus sérieuses", a déclaré ce responsable.
Les tensions ont augmenté entre l'Iran et Israël depuis trois ans à cause du programme nucléaire iranien mais aussi les déclarations du président Mahmoud Ahmadinejad qui a affirmé à plusieurs reprises que l'Etat hébreu allait "disparaître" des cartes du monde.
Israël accuse l'Iran de chercher à fabriquer l'arme atomique sous couvert d'un programme nucléaire civil. Ce que Téhéran a toujours démenti.
L'Iran ne reconnaît pas l'existence d'Israël et soutient les mouvements islamistes palestiniens.
"Ali Ashtari fournissait des renseignements au Mossad (...), tentait de s'infiltrer dans les centres sensibles du pays pour le compte des renseignements israéliens et vendait des équipements défectueux à certains centres de recherche", a affirmé le responsable des renseignements cité par l'agence Fars et dont le nom n'a été révélé.
Toujours selon ce responsable, Ashtari donnait de faux conseils aux "centres de sécurité et de défense" pour les tromper et devait "piéger" certaines personnes pour que "le régime sioniste puisse les contacter le moment voulu" afin de les utiliser.
Selon lui, Ashtari a également "tenté d'entrer en contact avec plusieurs ambassades étrangères" à Téhéran pour travailler pour leurs services de renseignements.
Ce responsable a également annoncé la récente arrestation à la frontière avec le Kurdistan irakien de "quatre terroristes munis d'armes israéliennes qui voulaient assassiner plusieurs personnes en Iran" pour le compte du Mossad.
Il a mis en garde "contre les tentatives d'infiltration" des services de renseignements du régime sioniste "en utilisant les réseaux de communications, notamment l'internet".
En juin dernier, un tribunal révolutionnaire avait reconnu Ashtari, arrêté en février 2007 et âgé de 45 ans, comme "Mohareb" (ennemi de Dieu sur terre) et l'avait condamné à mort.
Il aurait contribué à des opérations de sabotage réussies dans des installations de recherche iraniennes, notamment dans le secteur de l'énergie nucléaire, selon Téhéran.
Le directeur du contre-espionnage iranien avait affirmé en juin que "certains projets de recherche ont échoué à cause de la fourniture d'équipements" défectueux ou piégés par Ali Ashtari.
Le chef du programme atomique iranien Gholamreza Aghazadeh avait affirmé, en janvier 2007, que des équipements électriques importés de Turquie avaient été "trafiqués" et avaient été la cause de la destruction de 50 centrifugeuses d'enrichissement d'uranium à Natanz (centre) en 2006.
Lors de son procès, Ashtari avait affirmé qu'il était directeur d'une société spécialisée dans les télécommunications sécurisées, travaillant entre Téhéran et Dubaï pour des "clients spéciaux en Iran", selon l'agence Fars.
Selon ces aveux rapportés par Fars, il avait été contacté par deux personnes, Jacques Charles et Tony, qui l'avaient invité en Thaïlande, Turquie et en Suisse, en se présentant comme des investisseurs potentiels dans son secteur.
"Ils m'ont donné des équipements, dont un ordinateur portable et une valise satellite avec lesquels on peut envoyer des messages cryptés", avait-t-il encore dit.