Un colonel de l'armée burundaise, actuellement en fuite et accusé d'être le commanditaire du massacre de 31 civils en 2006 dans un camp militaire de l'est du pays, a été condamné à mort jeudi par la cour militaire du Burundi, a-t-on appris de sources concordantes.
"Le colonel Vital Bangirinama qui a supervisé le massacre de 2006 a été condamné à mort", a annoncé à l'AFP Pierre Claver Mbonimpa, président de l'Association pour la protection des personnes détenues et des droits humains (Aprodeh), joint par téléphone à Muyinga (est), où se tenait le procès.
"Le commandant Eliezer Manirambona ainsi que deux sous-officiers ont été condamnés à la prison à perpétuité comme co-auteurs d'assassinats, sept soldats ont eu une peine de 10 ans de prison pour complicité d'assassinats, cinq soldats ont eu 2 ans de prison pour manquement à la solidarité publique", a-t-il ajouté.
Ce verdict, annoncé en séance publique, a été confirmé par des sources judicaires jointes à Muyinga.
Mercredi soir, le procureur avait requis la peine de mort contre quatre militaires, dont deux officiers, dans ce procès qui s'est tenu sur le lieu du massacre, dans un camp militaire de la province de Muyinga. Le colonel Bangirinama est actuellement en fuite.
En juillet 2006, des civils accusés d'être des collaborateurs de la rébellion des Forces nationales de libération (FNL) avaient été arrêtés et emprisonnés dans le camp Mukoni. 31 avaient été exécutés.
La cour avait deux mois pour rendre son verdict, "mais les juges militaires ont l'habitude de rendre leur verdict sans attendre, contrairement aux juges civils", a expliqué M. Mbonimpa.
Plus tôt, M. Mbonimpa, qui avait révélé l'affaire, avait regretté qu'"une partie de la vérité ait été occultée".
"Le principal accusé n'a pas été véritablement jugé puisqu'il a fui le Burundi avec des complicités haut placées et de nombreux civils, dont des responsables administratifs qui ont participé au massacre, n'ont pas été inquiétés", a-t-il affirmé.
Le président burundais Pierre Nkurunziza a reconnu à plusieurs reprises s'être opposé à l'arrestation du colonel pour des raisons de sécurité.