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USA: les meurtriers de Blancs sont davantage condamnés à mort, selon Amnesty International

dépêche de presse du 24 avril 2003 - Associated Press - AP
Pays :
peine de mort / Etats-Unis
WASHINGTON (AP) - La peine de mort est appliquée différemment selon la couleur de la peau de la victime, les meurtriers de Blancs risquant davantage d'être exécutés que ceux qui tuent des Noirs, dénonce Amnesty International dans un rapport.

La branche américaine de l'organisation de défense des droits de l'homme souligne que 80% des 845 condamnés exécutés aux Etats-Unis depuis le rétablissement de la peine capitale en 1977 l'ont été pour le meurtre de Blancs. Un nombre disproportionné de Noirs ont été exécutés et beaucoup ont été condamnés par un jury ne comprenant aucun Noir, note également le rapport publié mercredi.

Amnesty estime que cette étude, réalisée à partir de statistiques officielles et de ses propres recherches, met en évidence le fait que la peine de mort n'est pas appliquée de manière équitable aux Etats-Unis. La publication du rapport intervient alors que 290 Noirs ont déjà été exécutés depuis 1977 et qu'au moins 10 autres pourraient être mis à mort d'ici fin juillet, portant le total à 300.

De son côté, Kent Scheidegger, directeur de la Fondation légale pour la justice criminelle, une organisation qui soutient la peine de mort, minimise le facteur racial. "Les procureurs dans les comtés plus conservateurs utilisent la peine de mort plus souvent", dit-il. "Cela donne l'impression qu'elle est utilisée plus souvent lorsque la victime est un Blanc. Mais ce n'est pas de la discrimination, c'est de la politique."

Les Noirs représentent 12% de la population américaine mais aussi 41% des détenus dans les couloirs de la mort et 35% des condamnés exécutés entre 1977 et 2001, selon des chiffres du département de la Justice.

Selon Amnesty, un Noir sur cinq exécuté avait été condamné par un jury ne comprenant aucun Noir. "Un jury (populaire) est censé être représentatif de ses pairs", rappelle William Schulz, directeur exécutif d'Amnesty International USA.

La Cour suprême a estimé en février que le condamné à mort noir Thomas Miller-El méritait une nouvelle chance de faire entendre ses arguments. Selon lui en effet, le ministère public avait rempli son jury de Blancs et de partisans de la peine de mort.

Un rapport du département de la Justice publié il y a trois ans a révélé qu'entre 1995 et 2000, près des trois quarts des 183 personnes risquant la peine de mort devant les tribunaux fédéraux appartenaient à une minorité. Le ministre de la Justice John Ashcroft a toutefois estimé qu'il n'y avait "pas de preuve de préjugé racial dans l'administration de la peine de mort au niveau fédéral".

Mais des études récentes soutiennent le contraire. Une enquête menée dans l'Illinois a montré que les jurys étaient trois fois plus susceptibles de prononcer une condamnation à mort lorsque la victime était blanche. Le gouverneur de l'Etat, George Ryan, a cité cette étude en janvier lorsqu'il a décidé de commuer 167 peines capitale.

En outre, une commission nommée par la cour suprême de Pennsylvanie a souligné le mois dernier que les accusés noirs avaient plus de risques d'être condamnés à mort et a recommandé un moratoire sur les exécutions en attendant d'en savoir plus sur la question.
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