LOS ANGELES (AFP) — Le gouverneur du Nouveau-Mexique (sud-ouest) a promulgué mercredi une loi abolissant la peine de mort dans son Etat, qui devient le 15e des Etats-Unis à ne pas imposer le châtiment suprême.
"J'ai décidé de signer le texte de loi qui abolit la peine de mort dans l'Etat du Nouveau-Mexique", a déclaré le démocrate Bill Richardson dans un communiqué diffusé par son bureau.
L'annonce de cette décision intervient cinq jours après l'adoption par le Sénat du Nouveau-Mexique du texte abolissant la peine capitale. Les sénateurs avaient voté la proposition de loi par 24 voix contre 18, après que la chambre basse du parlement l'eut entérinée.
Mais M. Richardson pouvait encore opposer son veto à la législation, et avait laissé planer le doute sur ses intentions. Mercredi, dans un communiqué, il a d'ailleurs souligné avoir longuement réfléchi à ce sujet.
"Aujourd'hui marque la fin d'un long parcours entre le sujet de la peine de mort et moi. Pendant toute ma vie d'adulte, j'ai cru avec fermeté que la peine de mort était un châtiment juste, dans des cas très rares, et seulement pour les crimes les plus abjects. Je le pense toujours", a précisé M. Richardson, 61 ans.
"Mais il y a six ans, lorsque j'ai pris mes fonctions de gouverneur de l'Etat du Nouveau-Mexique, j'ai commencé à remettre en cause mes opinions sur la peine de mort", a encore indiqué M. Richardson, qui avait été encouragé lundi à prendre cette décision par le puissant groupe de défense des droits civiques ACLU.
"Le problème est devenu plus tangible pour moi parce que je savais que le jour arriverait lors duquel l'une de ces deux choses arriverait: soit je devrais prendre une décision quant à un projet de loi pour abolir la peine de mort, soit, (perspective) plus difficile, je devrais signer l'arrêt de mort de quelqu'un", a ajouté l'homme politique, ancien candidat à l'investiture de son parti pour la course à la Maison Blanche.
"Quelle que soit mon opinion sur la peine de mort, je n'ai pas suffisament confiance dans le système judiciaire dans son fonctionnement actuel, pour être l'arbitre final lorsqu'il s'agit de décider qui meurt et vit après un crime. Si l'Etat doit prendre cette décision extraordinaire, le système doit être parfait et ne peut jamais se tromper", a plaidé le responsable.
"Mais la réalité est que le système n'est pas parfait, loin de là. Le système est par essence défectueux. Les analyses d'ADN l'ont prouvé. Des innocents ont été mis dans le couloir de la mort dans tout le pays", a-t-il remarqué, reprenant l'un des arguments des opposants à la peine capitale.
Ces dernières semaines, les élus du parlement du Nouveau-Mexique, dominé par les démocrates, avaient dit espérer que M. Richardson, qui n'est plus candidat à des fonctions nationales après avoir renoncé à devenir le secrétaire au Commerce du président Barack Obama, scellerait l'abolition.
Les partisans de l'abandon de la peine de mort dans un Etat qui n'a exécuté qu'une seule personne depuis 30 ans et compte deux personnes dans son couloir de la mort faisaient en outre valoir qu'imposer une détention à perpétuité réelle au lieu de procéder à des exécutions ferait économiser plus d'un million de dollars par an.
Le Nouveau-Mexique, un Etat pauvre et en majorité désertique, est l'un des quelque dix Etats américains qui ont entrepris, à divers degrés, une procédure d'abolition de la peine capitale. Jusqu'à mercredi, les Constitutions de 36 Etats sur 50 acceptaient la peine de mort, réautorisée par la Cour suprême en 1976.