KINSHASA (AFP) — L'ONG Protection international (PI) a réclamé vendredi à Kinshasa le "réexamen au fond" de l'affaire du meurtre d'un journaliste en 2007 à Bukavu, dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), pour lequel trois civils ont été condamnés à mort en 2008.
Le procès en première instance et en appel devant des juridictions militaires de Bukavu (Sud-Kivu, est) n'a "ni respecté les normes d'un procès juste et équitable ni abouti à la manifestation de la vérité", a dénoncé l'ONG qui oeuvre à la protection des Défenseurs de droits humains.
Journaliste de la radio Okapi (parrainée par l'ONU), Serge Maheshe, 31 ans, a été abattu le 13 juin 2007 par deux inconnus devant son domicile de Bukavu.
Les deux tueurs présumés et un complice actuellement en fuite, tous des civils, ont été condamnés à mort en appel en mai 2008. Les deux hommes emprisonnés ont déposé un recours en annulation devant la Haute cour militaire et un pourvoi en cassation devant la Cour suprême de justice.
"Nous demandons que la Haute cour militaire, qui n'est pas compétente pour juger des civils selon la Constitution de 2006, se dessaisisse au profit de la Cour suprême, pour que ce dossier soit réexaminé au fond par une juridiction civile impartiale et indépendante", a déclaré Sophie Rudil, juriste à Protection International.
Absence d'autopsie, d'expertise balistique ou de scellés, refus d'entendre des témoins, "ce dossier a été entaché par de très nombreuses violations des droits de la défense", a-t-elle ajouté.
"Le dossier est totalement bloqué (...), la Haute cour militaire refuse de le transmettre à Cour suprême, personne n'applique la Constitution", a affirmé la juriste.
Sophie Rudil a dénoncé également "le dossier jamais jugé" du meurtre en 2005 à Bukavu d'un défenseur des droits humains, et réclamé "une enquête indépendante" sur le meurtre d'un autre journaliste, fin 2008, toujours à Bukavu.