Le Gouvernement algérien a rejeté la proposition d'abolition de la peine de mort en avançant des considérations sécuritaires liées en particulier à la lutte contre le terrorisme islamiste et le crime organisé, a appris mardi l'Associated Press. la peine capitale est toutefois suspendue de fait en Algérie, la dernière exécution remontant à 1993.
Tout en laissant une porte ouverte pour l'avenir, le gouvernement algérien justifie son rejet de la proposition faite en février dernier par le député du RCD (Rassemblement pour la culture et la démocratie; parti laïque) Ali Brahimi, dans la réponse écrite du Premier ministre Ahmed Ouyahia au bureau de l'Assemblée.
"La poursuite de la lutte contre le terrorisme rend nécessaire le maintien de la peine de mort. Au moment où l'Algérie s'est engagée aussi à combattre toutes les formes du crime organisé, cette abolition pourrait être interprétée comme un manque de fermeté et un aveu d'impuissance des pouvoirs publics", argumente le gouvernement.
L'état d'esprit de "l'opinion publique qui ne peut accepter pour le moment l'abolition de la peine de mort" est également mis en avant dans l'argumentaire du gouvernement, qui considère "la peine de mort comme une arme dissuasive contre le terrorisme et le crime organisé".
La réponse aux députés fait référence aux multiples amendements portés ces dernières années au Code pénal, mentionnant notamment la substitution de l'emprisonnement à perpétuité à la peine de mort pour des crimes en rapport avec "la corruption financière et administrative".
En tranchant de la sorte sur ce dossier, qui a donné lieu en février à une vive polémique, par presse interposée, entre abolitionnistes laïques et islamistes, le gouvernement algérien se retrouve sur la même position que ces derniers.
Sur le front anti-abolition, l'association des Oulémas musulmans, dirigée par le cheikh Abderahmane Chibane, ancien ministre du culte dans les années 1980, a joué un rôle majeur, considérant la suppression de la peine de mort comme "une atteinte à l'esprit et à la lettre du Coran".
En février dernier, le député Brahimi avait présenté un plaidoyer en faveur de l'abolition de la peine de mort lors d'un séminaire organisé au Parlement. Il avait appuyé sa proposition sur des arguments philosophiques et les obligations de l'Algérie découlant des conventions internationales qu'elle a ratifiées.
La peine de mort est suspendue de facto en Algérie, puisque la dernière exécution remonte à 1993. Trois islamistes auteurs de l'attentat de l'aéroport d'Alger, qui avait fait alors des dizaines de morts, avaient alors été passés par les armes.