STRASBOURG (Conseil Europe) - Le Bélarus va retrouver son statut d'"invité spécial" auprès de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe s'il accepte de se plier à deux exigences démocratiques, a décidé mardi l'APCE réunie en session à Strasbourg.
Ce statut, octroyé au seul pays européen à ne pas être membre du Conseil de l'Europe, avait été suspendu en 1997, faute de progrès de la part de Minsk en matière de démocratie et de droits de l'homme.
Les parlementaires ont décidé mardi "de lever la suspension de ce statut d'invité spécial" à une large majorité de 160 voix sur 167 votants.
Il s'agit d'entreprendre un dialogue après douze années d'une stratégie d'isolement "qui s'est avérée improductive", selon le libéral italien Andrea Rigoni, auteur d'un rapport débattu en matinée.
L'APCE a cependant mis deux conditions au retour de parlementaires bélarusses comme invités - sans droit de vote - de l'APCE.
L'opposition extraparlementaire au régime devra être associée à la délégation qu'enverra Minsk.
Le Parlement bélarusse doit "transformer le moratoire de facto sur la peine de mort en un moratoire légal, comme étape intermédiaire vers l'abolition complète de la peine de mort".
"Nous voulons faire pression la-dessus, c'est une exigence très claire de notre part", a expliqué M. Rigoni tout en rappelant que le statut d'invité peut-être retiré après un an en l'absence de progrès en matière de droits de l'homme.
Invité à s'exprimer devant l'APCE, Valery Ivanov, vice-président de l'assemblée bélarusse a rétorqué avec aplomb qu'un moratoire n'est pas une nécessité pour obtenir le statut d'invité auprès de l'APCE "mais uniquement pour adhérer au Conseil de l'Europe".
Le texte adoptée mardi salue l'enregistrement du mouvement d'opposition "Pour la Liberté" et la libération en 2008 de neuf opposants considérés comme des "prisonniers politiques". Mais il demande le droit de manifester et une réforme des pratiques électorales ainsi qu'une diffusion plus pluraliste des médias.
Lors du débat, le parlementaire français Laurent Béteille (UMP) a mis en garde: "il ne faut pas applaudir trop vite une libéralisation bien modeste alors que des opposants restent en prison. Minsk a besoin de l'Europe pour s'affranchir d'une relation un peu étouffante avec Moscou et pour des raisons économiques".
Le Conseil de l'Europe a ouvert ce mois-ci un point d'information à Minsk et son Congrès des pouvoirs locaux a examiné la situation de la démocratie locale dans ce pays hypercentralisé.
A Minsk, lundi, la commissaire européenne aux Relations extérieures, Benita Ferrero-Waldner, a demandé au président bélarusse Alexandre Loukachenko des pas supplémentaires vers la démocratisation afin de renforcer la coopération avec l'Union européenne. Le Belarus figure dans le nouveau partenariat oriental de l'Union, qui vise à approfondir les relations des Européens avec six anciennes républiques soviétiques.