WASHINGTON (AFP) — Le condamné à mort noir américain Mumia Abu Jamal décrit dans un article pour Reporters sans frontières (RSF) quelques uns des sujets de ses papiers dans le couloir de la mort, où il affirme n'avoir depuis 27 ans "jamais manqué de sujets de reportage".
Rendu public mercredi, cet article de quatre pages intitulé "Journalisme en enfer" a été rédigé le 23 mai 2009.
Depuis sa prison, qu'il appelle la "Maison américaine de la douleur" ("The American house of pain"), il rappelle qu'avant sa condamnation à mort en 1982, il était journaliste pour une radio publique à Philadelphie (Pennsylvanie, est).
"Il y a des dizaines de milliers de personnes en prison et donc des dizaines de milliers d'histoires", écrit-il. "J'écris sur des détenus condamnés injustement ou illégalement, la brutalité déchirante à laquelle ils sont soumis, victimes de sidérantes aberrations institutionnelles ou de cruautés à vous glacer le sang".
Condamné à recevoir l'injection mortelle pour le meurtre d'un policier blanc qu'il nie et après un procès émaillé de nombreuses irrégularités selon son avocat, Mumia Abu Jamal, 54 ans raconte son combat dans les années 1990 pour obtenir le droit, au nom de la liberté d'expression, de poursuivre ses activités journalistiques dans le couloir de la mort.
"Cela m'a pris des années de bataille judiciaire et des journées entières assis dans une salle d'audience avec des chaînes aux pieds si serrées que mes chevilles enflaient et saignaient", décrit-il.
Il évoque ce détenu blanchi après vingt ans dans le couloir de la mort, écarquillant les yeux en voyant pour la première fois un téléphone portable, ou un autre qui craignait d'avoir un cancer et s'est pendu avec ses lacets.
"J'ai relayé cette affaire mais sans aucun plaisir", affirme-t-il.
"C'est mon terrain caché, que même les journalistes les plus intrépides ne peuvent pénétrer".