Un tribunal soudanais a condamné mercredi à la pendaison quatre islamistes pour le meurtre l'an dernier d'un diplomate américain et de son chauffeur soudanais, un verdict qui pourrait aviver la colère de certains extrémistes hostiles à la présence d'occidentaux au Soudan.
John Granville, 33 ans, qui travaillait à l'Agence américaine pour le développement international (USAID), et son chauffeur, Abdel Rahman Abbas, 40 ans, avaient été tués par balle dans leur voiture le 1er janvier 2008.
Les autorités avaient accusé cinq jeunes hommes de ce double meurtre. Dans un verdict très attendu, le juge Ahmed al-Badri de la cour de Khartoum-Nord a condamné quatre d'entre eux --Mohamed Mukawi, AbdelBasit Hajj al-Hassan, Mohaned Osman Youssif, AbdelRaouf Abu Zeid Mohammed Hamza-- à la pendaison pour avoir participé aux meurtres.
"Allah Akbar! La justice triomphera!", a crié la soeur d'un des condamnés à l'annonce du verdict, alors que les quatre condamnés sont restés silencieux, a constaté un journaliste de l'AFP sur place. Ils ont scandé "Allah Akbar" (Dieu est grand) à la sortie de la salle d'audience sous l'escorte de la police.
Après le verdict, peu avant l'annonce de la sentence, le juge a demandé à la famille du chauffeur soudanais si elle accordait l'amnistie aux condamnés, demandait compensation, ou exigeait la peine de mort. Celle-ci a opté pour la peine capitale.
La mère de John Granville avait écrit une lettre au tribunal dans laquelle elle refusait compensation et demandait une peine de prison à perpétuité pour les condamnés.
Le cinquième membre du groupe, Mourad AbdelRahman Abdallah, a été condamné à deux ans de prison puisqu'il avait simplement fourni l'arme sans toutefois participer au crime, a souligné le juge. Cet homme était en détention depuis janvier 2008 et pourra donc recouvrer la liberté en janvier 2010.
Un des quatre condamnés à mort, AbdelRaouf Abu Zeid Mohammed Hamza, est le fils du chef d'un groupe musulman pacifique soudanais, Ansar al-Sunna, sans activité politique mais lié au wahhabisme, une forme stricte de l'islam dominante en Arabie saoudite.
Le double meurtre avait choqué la communauté occidentale de Khartoum, ville considérée comme l'une des plus sûres d'Afrique. Plus d'une centaine de policiers étaient disposés mercredi dans le centre-ville de Khartoum où la circulation a été fermée dans un périmètre de 300 mètres.
L'ambassade des Etats-Unis a conseillé à ses ressortissants de se montrer discrets au cours des prochains jours, selon un message diffusé sur son site internet.
"Si la cour annonce des verdicts de culpabilité.... la réaction des supporters masculins (des condamnés) pourrait comprendre des manifestations devant l'ambassade américaine et/ou d'autres actions anti-américaines ou anti-occidentales", a prévenu l'ambassade.
Un homme proche des condamnés a été tué la semaine dernière à Khartoum par les autorités soudanaises. "Des menaces d'actions violentes contre le gouvernement soudanais ont été diffusées sur un site jihadiste, à la suite du décès de ce présumé extrémiste musulman", a indiqué l'ambassade américaine.
"Il pourrait y avoir des appels à la violence contre le gouvernement soudanais et/ou des intérêts occidentaux lors de la prière du vendredi 26 juin", a-t-elle ajouté.
Washington entretient des relations tendues avec Khartoum depuis le début des années 90. Le Soudan figure sur la liste américaine des Etats hébergeant des terroristes et s'est vu imposer en 1997 des sanctions économiques par les Etats-Unis.
Malgré ce différend, les agents du FBI ont collaboré étroitement avec les autorités soudanaises dans l'enquête sur le meurtre de John Granville et de son chauffeur.