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Trois hommes condamnés à mort pour l'attentat de Karachi

dépêche de presse du 30 juin 2003 - Reuters
Pays :
peine de mort / Pakistan
KARACHI (Reuters) - Trois hommes accusés d'avoir organisé l'attentat suicide de Karachi, dans lequel 11 ingénieurs français avaient trouvé la mort l'an dernier, ont été condamnés à mort lundi par un tribunal anti-terroriste pakistanais.

L'attentat du 8 mai 2002, commis à l'aide d'une voiture piégée devant un hôtel Sheraton de cette ville portuaire du sud du Pakistan, avait coûté la vie à 11 Français salariés de la Direction des constructions navales (DCN) et à trois Pakistanais, dont le poseur de bombe.

Deux des accusés, Assif Zahir et Rizouane Ahmed Bachir, se sont vus signifier leur condamnation dans la Prison centrale de Karachi. Un troisième prévenu, Mohammad Sohail, a été condamné à mort par contumace.

Zahir et Bachir ont plaidé non coupable des accusations de meurtre, terrorisme, possession d'explosifs et complot.

Le juge Feroze Mahmoud Bhatti a estimé que les trois hommes étaient coupables d'avoir organisé cet attentat suicide qui a fait également 23 blessés, ainsi que des autres charges pesant sur eux.

"Le tribunal les condamne en conséquence à la peine de mort", a-t-il dit.

Un quatrième accusé, Adnan Kamar, a été acquitté par contumace.

"C'était un complot bien organisé", a estimé Bhatti. "Un véhicule a été précipité contre le bus transportant les ingénieurs français. Il s'agissait d'un acte terroriste."

La police a déclaré que les activistes impliqués dans l'attentat appartenaient à l'organisation Harkat-oul Moudjahidine al-Alami, qui s'oppose aux forces indiennes au Cachemire.

POINT CHAUD DE L'EXTREMISME ISLAMIQUE

Harkat-oul Moudjahidine était appelé auparavant Harkat-oul Ansar, mais a changé de nom après que Washington l'eut ajouté à sa liste des organisations terroristes, à la fin des années 1990.

Haroun al Kasmi, qui assure la défense de Zahir, a fait savoir qu'il ferait appel de la condamnation auprès de la Haute cour. "Nous sommes sûrs à 100% que la Haute cour va les acquitter", a-t-il dit.

Le procès s'est tenu dans un tribunal ad hoc mis en place dans la Prison centrale de Karachi.

Devant le portail de la prison, des proches des deux accusés présents ont bruyamment laissé éclater leur tristesse.

Cette année, un tribunal pakistanais avait reconnu quatre hommes coupables d'un attentat suicide similaire mené l'an dernier contre le consulat des Etats-Unis à Karachi. Douze Pakistanais avaient trouvé la mort dans cette attaque.

L'an dernier, Ahmed Omar Saïd Cheikh, un activiste islamiste né en Grande-Bretagne, a été condamné à mort pour l'enlèvement et le meurtre d'un journaliste américain du Wall Street Journal, Daniel Pearl, également à Karachi.

Au Pakistan, les exécutions se font par pendaison, mais seulement après épuisement de tous les recours en appel.

La grand-mère de Bachir, Afroze Begum, a estimé que la condamnation à mort de son petit-fils avait été prononcée uniquement pour faire plaisir aux Etats-Unis.

"Il est innocent", a assuré entre deux sanglots cette dame vêtue d'un voile intégral de couleur noire, tenue des musulmans rigoristes. "(Le président Pervez) Musharraf est en train de provoquer la colère d'Allah."

Le père de Bachir, Abdoul Razzak, a reconnu cependant que son fils était associé depuis longtemps aux activités du Harkat-oul Moudjahidine. "Il a participé à la djihad (guerre sainte) au Cachemire", a-t-il dit.
(Par Amir Zia)
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