Un millier de prisonniers se trouveraient dans les couloirs de la mort en Irak, dont 150 ayant épuisé tous les recours, a révélé mardi dans un rapport l'organisation de défense des droits de l'Homme Amnesty International.
"En juillet 2009, nous croyons que 1.000 prisonniers se trouvaient dans les couloirs de la mort, dont environ 150 ayant épuisé tous leurs recours ou les mesures de clémence", affirme le rapport.
"L'usage de la peine de mort en Irak n'est pas transparent", poursuit Amnesty, assurant que des condamnés se sont plaints d'avoir été torturés lors d'interrogatoires pour obtenir des aveux forcés.
Aucune réaction officielle irakienne au rapport d'Amnesty n'a pu être obtenue, mais un responsable gouvernemental irakien a déclaré sous couvert de l'anonymat qu'il y aurait actuellement "plus de 800 personnes condamnées à mort".
Ce même responsable a affirmé qu'il y avait actuellement "en moyenne dix exécutions par semaine en raison de la situation liée à la sécurité".
Un officier de police de la prison d'al-Adala à Bagdad, où ont lieu les exécutions, a indiqué, également sous couvert de l'anonymat, qu'il y a entre "dix et 15 exécutions, en majorité des terroristes, tous les sept à huit jours".
Ces chiffres, s'ils étaient confirmés, feraient de l'Irak le deuxième pays au monde quant au nombre de condamnés exécutés, après la Chine, où, selon Amnesty, 1.700 personnes ont été exécutées en 2008.
Dans son rapport, l'organisation fait état de 31 personnes, dont une femme, exécutées depuis janvier.
"Ces chiffres sont ceux fournis (par les autorités irakiennes). Les vrais chiffres pourraient être bien plus importants vu le secret entourant les exécutions et le manque d'informations", a affirmé à l'AFP une porte-parole d'Amnesty, Nicole Choueiry.
L'enquête d'Amnesty a révélé que la torture pour extorquer des aveux était "commune".
"Nous sommes très inquiets sur la façon dont se tiennent des procès et le fait que beaucoup d'aveux sont extorqués avant la tenue des audiences", a-t-elle ajouté.
Selon cette ONG, des prisonniers sont détenus au secret par le ministère de l'Intérieur sans que leur famille puisse leur rendre visite ou qu'ils aient accès à un avocat.
"Des personnes nous ont dit que des proches étaient détenus (dans des prisons du ministère de l'Intérieur) et qu'ils avaient été torturés pour faire des aveux", a poursuivi la porte-parole.
La peine de mort a été réinstaurée en 2004 par décret malgré de vives protestations internationales.
En 2008, l'Irak a condamné à mort au moins 285 personnes et au moins 34 ont été exécutées, selon Amnesty. En 2007, au moins 199 personnes ont été condamnées à mort, et au moins 33 exécutées alors qu'en 2006, 65 personnes ont été pendues.
Les condamnés à mort sont en général pendus.
Le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki est un ardent partisan de la peine de mort.
"Pourquoi les auteurs d'actes terroristes ne seraient-ils pas pendus sur le lieu de leurs crimes", a-t-il ainsi affirmé le 25 août, en visitant le lieu des attentats qui avaient fait quelques jours plus tôt 95 morts et plus de 600 blessés.