KABOUL — Un journaliste afghan condamné pour blasphème à 20 ans de prison fin 2008 a été libéré récemment sur grâce présidentielle, après deux ans de détention, a annoncé lundi l'association de défense de la presse Reporters sans frontières (RSF).
Sayed Perwiz Kambakhsh, 24 ans, avait été condamné pour blasphème le 22 janvier 2008 à la peine capitale par le tribunal de Mazar-i-Sharif, dans la province de Balkh (nord de l'Afghanistan). Le 21 octobre 2008, la cour d'appel de Kaboul avait annulé cette sentence, commuée en 20 ans de prison.
Lundi, "l'avocat de Perwiz Kambakhsh a confirmé à Reporters sans frontières que son client avait été libéré de prison. Le président Hamid Karzaï a signé sa grâce il y a quelques semaines", indique un communiqué de RSF.
L'association, "extrêmement soulagée" par la nouvelle, explique que "le jeune homme avait été accusé d'avoir téléchargé un document sur le droit des femmes et l'islam".
Après sa libération, "de crainte de représailles, il a été accueilli par un pays étranger", ajoute RSF, selon qui "il avait été torturé par les forces de sécurité pour lui faire avouer son crime".
"L'affaire Perwiz Kambakhsh restera comme une bavure judiciaire entachée d'intolérance religieuse, de mauvais traitements policiers et d'incompétence de la part de certains magistrats. Ce cas devrait inciter les autorités afghanes à mettre fin à la politisation du délit de +blasphème+", qui constitue un "délit d'opinion", estime Jean-François Julliard, secrétaire général de l'organisation, cité dans le communiqué.