Plan du site

Au Nigeria, une femme condamnée par lapidation

dépêche de presse du 5 juin 2003 - Digipresse
Pays :
peine de mort / Nigéria
Thèmes :
Amina Lawal est condamnée à mort par lapidation le 22 mars 2002 pour adultère et pour avoir eu une petite fille hors mariage. Cette jeune femme est devenue le symbole de lutte contre la charia, toujours appliquée dans plusieurs Etats fédérés du nord de la Nigeria alors que la constitution nigérienne l'interdit.
Aujourd'hui, Amina Lawal est en prison au Nigéria où elle attend l'exécution d'une sentence d'un autre âge. Son procès en cours d'appel vient d'être reporté au mois d'août. Elle est accusée d'avoir trompé son mari dont elle est divorcé. « Ces femmes ne comprennent pas ce qui leur arrive, les procès sont en Anglais ou en arabe alors qu'elles ne parlent, ni ne comprennent cette langue. Elles ne peuvent même pas s'exprimer au cours de leur procès. », commente Michelle Souaille (cf. vidéo), spécialiste du Nigeria pour Amnesty International.

Malgré la ratification de nombreux textes internationaux relatifs aux droits humains par le Nigeria, plusieurs Etats du Nord du Nigeria ont toujours des codes pénaux basés sur la loi de la charia. Des peines cruelles, inhumaines et dégradantes, telles que la flagellation et l'imputation sont régulièrement pratiquées selon les principes de la charia. Des condamnations à mort, à la torture et à d'autres châtiments cruels sont toujours en vigueur.

Le président de la république fédérale nigérienne Olusegun Obasanjo, élu démocratiquement depuis 4 ans est un chrétien du sud du pays. « S'opposer à cette justice appliquée au Nord déclencherait une guerre civile entre les musulmans du Nord et les chrétiens du sud » remarque Michelle. C'est pourquoi, il ne s'est contenté que d'exprimer son opposition à la peine de mort sans pour autant mener une quelconque action concrète contre ces pratiques issues d'une interprétation intégriste des règles de l'Islam.

Selon la constitution de la République Fédérale du Nigeria datant de 1989, le gouvernement de la Fédération ou celui d'un état membre n'adoptera aucune religion en tant que religion d'Etat. Ces nouvelles lois pénales islamiques basées sur la charia sont donc contraires à la Constitution nigérienne et surtout aux droits humains.

En 2001, Safiya Husaini, dans le même cas, avait été amnistiée grâce à une mobilisation internationale sans précédent. Amnesty International se mobilise donc de nouveau en faveur d'Amina pour éviter l'application de cette condamnation inique dans de nombreux autres cas.
Les résultats de cette campagne sont incertains malgré plus de 3 millions de pétitions recueillies à travers le monde en faveur de cette mère de 4 enfants.

Sarah Abdoul
Partager…