PARIS — Le fondateur de l'association des fils et filles des déportés juifs de France, Serge Klarsfeld, a diffusé mercredi auprès de l'AFP trois photos, dont deux inédites, d'exécution de résistants au Mont-Valérien, près de Paris, prises en 1944 par un sous-officier allemand.
"Jusqu'à aujourd'hui il n'existait aucune photo (authentifiée, ndlr) d'exécution au Mont-Valérien", a assuré l'avocat et historien, chasseur de nazis.
L'une des trois photos figurait dans une brochure officielle du Mont-Valérien mais était présentée comme une reconstitution, explique-t-il. Or, "il s'agit en réalité de trois photos authentiques", affirme Serge Klarsfeld, au terme de ses recherches sur l'identification des quelque 1.000 fusillés du Mont-Valérien entre 1941 et 1944.
Les images, prises le 21 février 1944 en surplomb de la clairière du Mont-Valérien, ne permettent pas d'identifier les quatre résistants qui y figurent mais les représentent, les yeux bandés, liés à des poteaux, face à un commando de la Wehrmacht.
Selon Serge Klarsfeld, ces patriotes sont membres du réseau de Missak Manouchian, l'une des composantes des Francs-tireurs et partisans de la Main-d'oeuvre immigrée (FTP-MOI), d'obédience communiste.
Les clichés ont été authentifiés par la Direction de la mémoire du patrimoine et des archives (DMPA) du ministère français de la Défense, selon M. Klarsfeld. Un responsable de la DMPA, Franck Segrétain, interrogé par l'AFP, a qualifié de "très probable" leur authenticité.
Ils ont été reconnus comme authentiques grâce à un rapprochement entre le dossier constitué par le comité allemand Franz Stock et les travaux de M. Klarsfeld.
Le comité allemand, du nom de l'aumônier militaire présent aux côtés des condamnés, a récupéré les négatifs auprès du sous-officier Clemens Rüther qui avait pris les clichés en cachette. En 1985, le sous-officier s'est confié à un ami qui l'a convaincu de transmettre ses photos au comité Franz Stock, a indiqué M. Klarsfeld.
M. Rüther appartenait à une troupe chargée de convoyer des résistants condamnés à mort au Mont-Valérien où ils furent fusillés le 21 février 1944.