BAGDAD — Ali Hassan al-Majid, dit "Ali le Chimique", condamné à mort à quatre reprises, notamment pour le massacre en 1988 de 5.000 Kurdes, a été exécuté lundi par pendaison, a indiqué le porte-parole du gouvernement.
"Le condamné Ali Hassan al-Majid a été exécuté par pendaison jusqu'à la mort aujourd'hui conformément à la loi et la Constitution" en raison "des meurtres et du crime contre l'humanité commis", a annoncé Ali Dabbagh dans un communiqué.
Le porte-parole a assuré qu'il avait été procédé à l'exécution du condamné "sans aucun trouble, ni cris de joie ou paroles offensantes".
Le 17 janvier, "Ali le chimique" avait à nouveau été condamné à mort, pour le massacre en 1988 de 5.000 Kurdes, une décision saluée comme une "victoire" et sous les cris de joie au Kurdistan. Il s'agissait de sa quatrième condamnation à la peine capitale.
A l'annonce du verdict, "Ali le chimique" avait déclaré "al-hamdoulillah, al-hamdoulillah" (Dieu soit loué).
Cousin de Saddam Hussein, il avait été pendant plus de 35 ans son homme de main redouté, prêt à tout pour écraser la moindre velléité de révolte en Irak.
Agent de liaison militaire jusqu'au coup d'Etat qui porta en 1968 le parti Baas au pouvoir, ce cousin germain de l'ex-président avait hérité du sobriquet infamant d'"Ali le Chimique" pour avoir ordonné en 1988 le bombardement au gaz de la ville kurde d'Halabja, tuant des milliers de personnes, femmes et enfants.
"Ali le Chimique" a occupé le poste de secrétaire général du parti Baas dans le nord (1987-1989), coordonnant à la fois l'armée, la direction de la sécurité générale et les renseignements militaires engagés dans la répression contre les Kurdes.
"C'est moi qui ai donné les ordres à l'armée de détruire des villages et de reloger les villageois. Je ne me défends pas. Je ne m'en excuse pas. Je n'ai pas commis d'erreur", avait-il dit, en parlant de la répression de la rébellion kurde, la campagne Anfal de 1987-1988, qui avait fait près de 180.000 morts.
Comme le président déchu, pendu fin 2006, "Ali le Chimique" était originaire de la région de Tikrit (nord), où il était né en 1941 selon le tribunal pénal, en 1944 d'après ce qu'il a déclaré à ce même tribunal.
Egalement surnommé "le boucher du Kurdistan", il y avait engagé en mai 1987 une politique implacable de terre brûlée par une vaste opération d'évacuation de la population et du bétail, emmenés de force près des frontières jordanienne et saoudienne, loin des zones d'implantation traditionnelles des Kurdes.
L'homme, qui était dévoué corps et âme à son cousin, a aussi supervisé l'occupation du Koweït, la "19e province" aux yeux du régime. D'août à novembre 1990, il fut le gouverneur sanguinaire de ce pays envahi par l'armée irakienne, avant de reprendre en février 1991 le poste de ministre des Affaires locales.
Sans états d'âme, il avait fait exécuter en février 1996 ses propres neveux Hussein Kamel et Saddam Kamel, rentrés à Bagdad après avoir fait défection un an plus tôt en Jordanie et dénoncé le régime.