Un moratoire universel sur les exécutions capitales devra être respecté en 2015. Le premier ministre espagnol et président de l'Union européenne Jose Luis Rodriguez Zapatero a fixé cet objectif mercredi à Genève à l'ouverture du 4e Congrès contre la peine de mort.
Le Premier ministre espagnol a estimé qu'un délai de cinq ans pour mettre fin à toutes les exécutions dans le monde est "un objectif à notre portée". La date de 2015 coïncide avec la réalisation des Objectifs fixés par l'ONU pour le Millénaire, a-t-il fait valoir.
Quelque 1500 représentants d'ONG, de gouvernements, d'organisations internationales et juristes sont réunis à Genève jusqu'à vendredi pour renforcer la mobilisation internationale contre la peine de mort. Les exécutions en Chine, en Iran et aux Etats-Unis ont été d'emblée dénoncées.
Le Premier ministre espagnol a annoncé la création d'une commission internationale, opérationnelle au second semestre de cette année. Elle réunira "des personnalités de haute autorité morale de toutes les régions du monde" et s'appuiera sur un groupe de gouvernements engagés pour l'abolition de la peine capitale.
Un instrument de terreur
Plus de 150 pays ont aboli de droit ou de fait la peine capitale dans le monde, mais le combat est loin d'être gagné, a affirmé le directeur d'Ensemble contre la peine de mort (ECPM) Raphaël Chenuil-Hazan, organisateur du congrès.
"La peine de mort est utilisée en Iran comme un instrument de terreur. Les abolitionnistes sont bâillonnés et plusieurs jeunes risquent une exécution imminente", a-t-il affirmé. Il a révélé que les autorités iraniennes ont refusé son passeport à un avocat iranien qui devait venir témoigner à Genève.
Il a critiqué aussi l'utilisation de la peine capitale en Irak et rappelé que plusieurs dizaines d'exécutions ont lieu chaque semaine en Chine. Le directeur d'ECPM a également dénoncé l'exécution imminente de Hank Skinner au Texas. Prévue initialement mercredi, elle a été reportée d'un mois.
Le cas de l'Iran
Pour la Prix Nobel de la Paix Shirin Ebadi, le jour où l'Iran sera une démocratie, le problème de la peine de mort ne s'y posera plus. "La seule condition pour que la peine de mort soit abolie en Iran, c'est la démocratie", a-t-elle déclaré à la presse.
Shirin Ebadi a expliqué que 50 crimes et délits sont passibles de la peine capitale en Iran, dont certains délits très courants. Elle a critiqué "les moyens parfois atroces, particulièrement humiliants comme la lapidation" utilisés dans son pays.
"Les couloirs de la honte"
"Les couloirs de la mort sont des couloirs de la honte", s'est exclamé le secrétaire général de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF) Abdou Diouf. "Comme la torture, la peine de mort est une honte pour l'humanité", lui a fait écho l'ancien ministre français de la justice Robert Badinter.
L'ambassadrice de bonne volonté du Conseil de l'Europe Bianca Jagger a lancé un appel au président Barack Obama pour qu'il décrète un moratoire au niveau fédéral. Selon elle, 3500 personnes attendent leur exécution dans les prisons américaines.
Plus de 90% des exécutions ont lieu dans cinq pays: en 2008 au moins 1700 en Chine, 346 en Iran, 102 en Arabie saoudite, 52 (en 2009) aux Etats-Unis et 36 au Pakistan, selon Amnesty International.