Sandrine Ageorges, 49 ans, une passionaria française de l'abolition de la peine de mort dans le monde, mariée en 2008 à Hank Skinner dont la date d'exécution au Texas (sud des Etats-Unis) a été fixée au 24 mars, est prête à se battre jusqu'au bout pour le tenter de le sauver.
Dans sa prison de haute sécurité à Livingston (Texas), Henry Watkins "Hank" Skinner, 47 ans, qui est entré dans le "couloir de la mort" en mars 1995, compte sur les derniers recours déposés par ses avocats.
Hank Skinner, condamné pour le meurtre de sa petite amie et des deux fils de celle-ci en 1993, a toujours maintenu qu'il était innocent. "Tout a été négligé du début à la fin" dans ce dossier, affirme Sandrine Ageorges qui correspond avec M. Skinner depuis 1996.
"Ca commence par un shérif qui décide dès qu'il entend qu'il y a eu des meurtres que c'est lui (Skinner) le coupable avant même d'être allé sur place", accuse-t-elle. "Ensuite, il tombe sur un avocat commis d'office qui est l'ancien procureur du comté et qui a dû démissionner car c'était un héroïnomane. (...) Il a fait un travail ni fait ni à faire", lance Sandrine Ageorges.
Selon ses avocats, plusieurs éléments retrouvés sur les lieux des crimes, dont une veste d'homme avec des traces de sang, n'ont jamais été testés pour détecter de possibles traces d'ADN qui pourraient innocenter le condamné.
"On demande depuis 15 ans à ce que ces pièces soient testées, même aux frais de la défense", a indiqué Mme Ageorges, en vain, regrette-t-elle. Plusieurs recours ont été déposés pour tenter d'arrêter la machine judiciaire. L'ultime recours de tous les condamnés à mort devant la Cour suprême a été déposé fin 2009.
Parallèlement, les avocats ont entamé "une procédure inhabituelle car ils sont obligés de chercher des stratégies un peu différentes: ils ont assigné en justice l'avocat général actuellement en charge du dossier, (...) car elle refuse de transmettre les scellés à la défense pour que des tests privés puissent être effectués".
Au delà du cas de son mari, Sandrine Ageorges espère que la bataille juridique aura un impact pour la cause de l'abolition de la peine de mort qu'elle défend "depuis l'adolescence", à l'époque où l'abolition a été adoptée en France, en 1981.
"La vraie probabilité pour nous d'avoir une cassation réelle, saine c'est la Cour suprême. Pas uniquement pour lui mais pour beaucoup d'autres condamnés à mort qui sont dans la même situation", juge Mme Ageorges. "On est pas dans l'erreur judiciaire ni dans son cas ni dans beaucoup d'autres. On est dans une justice politique, une justice de résultats, une justice d'immédiateté", lance-t-elle.
L'exécution était initialement prévue le 24 février. Ironie du sort, c'était également la date d'ouverture du 4e Congrès mondial contre la peine de mort à Genève auquel la militante Sandrine Ageorges doit participer.
Mais mercredi, les autorités pénitentiaires ont reporté l'exécution au 24 mars, car le mandat ordonnant l'exécution le 24 février n'avait pas été rendu dans les délais impartis, indique-t-on auprès de la défense de M. Skinner qui avait soulevé cette faille auprès de la justice.
"Je suis plus qu'heureuse de ce report même si, bien sûr, cela prolonge son séjour en enfer. Je garde espoir que la Cour suprême prendra la bonne décision, qu'il obtiendra un vrai sursis et les tests ADN pour prouver son innocence", a-t-elle conclu.