TEHERAN — Deux personnes jugées pour leur implication présumée dans le décès d'au moins trois manifestants détenus à la prison de Kahrizak (sud de Téhéran) l'été dernier ont été condamnées à mort par une cour militaire iranienne, a annoncé mercredi l'agence officielle Irna.
Il s'agit des deux premières peines de mort visant la répression du mouvement né de la réélection contestée du président Mahmoud Ahmadinejad le 12 juin 2009. A l'inverse, dix manifestants de l'opposition ont déjà été condamnés à mort.
"Deux accusés ont été condamnés à la peine de mort et neuf autres à des peines de prison et des coups de fouet, tandis qu'un dernier a été acquitté", a indiqué mercredi Irna, citant un communiqué de la cour.
Le procès de 12 personnes, dont 11 policiers, pour leur implication présumée dans la mort d'au moins trois manifestants de l'opposition s'était ouvert en mars dernier devant un tribunal militaire de Téhéran.
Le texte précise que les verdicts rendus sont susceptibles d'appel. Selon la loi iranienne, les condamnés disposent de 20 jours pour cela. Mais il ne mentionne pas la qualité des personnes condamnées, ni ne précise si le jugement a été rendu ce mercredi.
Le communiqué ajoute en revanche que 33 autres personnes sont poursuivies pour des attaques nocturnes lors desquelles des étudiants avaient été agressés sur leur lieu de résidence.
Il note enfin que les deux peines capitales ont été prononcées pour "violences volontaires ayant entraîné le meurtre de Mohammad Kamrani, Amir Javadi-far et Mohsen Ruholamini".
Selon un rapport d'enquête, ces trois personnes sont mortes durant leur détention à Kahrizak après avoir participé aux manifestations post-électorales. Un quatrième manifestant serait décédé dans des circonstances analogues, mais sa mort n'a pas été confirmée officiellement.
Mohsen Ruholamini, 25 ans, était le fils d'un homme politique conservateur de renom.
La répression des troubles post-électoraux par les autorités iraniennes a entraîné des dizaines de morts et des milliers d'arrestations.
L'opposition affirme que la réélection de Mahmoud Ahmadinejad a été obtenue à la faveur de fraudes.
La divulgation des sévices perpétrés dans la prison de Kahrizak avait fini par contraindre le guide suprême Ali Khamenei à ordonner la fermeture de ce centre pénitentiaire en juillet dernier.
Mis en cause par une commission parlementaire pour avoir envoyé plusieurs dizaines de manifestants à Kahrizak, le procureur de Téhéran Saïd Mortazavi avait été limogé fin août et nommé procureur général adjoint.
Outre ces décès, l'un des principaux dirigeants de l'opposition et ex-candidat à la présidentielle, Mehdi Karoubi, a dénoncé des cas de viols de manifestants emprisonnés. Mais ces accusations ont toujours été réfutées par les autorités iraniennes.