LONDRES - Un avocat d'une Iranienne condamnée à mort par lapidation en Iran a affirmé à un quotidien britannique jeudi que sa cliente avait été torturée avant de faire des aveux à la télévision d'Etat sur son implication dans le meurtre de son époux.
L'avocat Houtan Kian a déclaré au Guardian que Sakineh Mohammadi-Ashtiani, une mère de deux enfants âgée de 43 ans, avait été forcée de donner cet entretien, enregistré à la prison de Tabriz (nord-ouest) où elle est détenue depuis deux ans.
Dans l'entretien diffusé mercredi soir par la télévision d'Etat iranienne, une femme enveloppée d'un tchador noir ne laissant apparaître que son nez et un oeil et présentée comme Sakineh Mohammadi-Ashtiani, a reconnu qu'un homme avec lequel elle était en relation lui avait proposé de tuer son mari, et qu'elle avait laissé cet homme commettre le meurtre en sa présence.
La femme parlait en azéri (turc) et ses propos étaient traduits en persan.
"Elle a été frappée violemment et torturée jusqu'à ce qu'elle accepte d'apparaître face à la caméra", a affirmé l'avocat. "Son fils Sajad, 22 ans, et sa fille Saeedeh, 17 ans, sont complètement traumatisés après avoir regardé l'émission".
M. Kian a fait part de craintes grandissantes que les autorités mettent en oeuvre rapidement son exécution qui a suscité une vague d'indignation dans le monde.
La justice iranienne a annoncé le 11 juillet la "suspension pour des raisons humanitaires" du verdict de lapidation.
Le journal britannique n'a pas précisé d'où s'exprimait l'avocat.
Un autre avocat de l'Iranienne, Mohammad Mostafai, contre lequel Téhéran a émis un mandat d'arrêt, a trouvé refuge en Norvège.
Sakineh Mohammadi-Ashtiani a été condamnée en 2006 initialement pour avoir eu "une relation illégale" avec deux hommes après la mort de son mari.
Dans un entretien publié le 7 août par The Guardian, l'Iranienne a affirmé avoir été acquitté de l'accusation de meurtre mais que "l'homme qui a tué (son) mari a été identifié et incarcéré, mais pas condamné à mort".
La semaine dernière, un haut responsable judiciaire iranien Mossadegh Kahnemoui avait assuré que "cette femme en plus d'un double adultère, avait été également reconnue coupable de complot pour tuer son mari. Son affaire est toujours en cours d'examen et rien n'a été décidé pour l'instant".
L'organisation de défense des droits de l'Homme Amnesty international a critiqué dans un communiqué la télévision d'Etat iranienne et les autorités.
"Des 'aveux' télévisés ont été souvent utilisés par les autorités pour incriminer des individus en détention. Plusieurs d'entre eux ont ensuite retiré ces 'aveux', en affirmant qu'ils avaient été faits sous la contrainte", a-t-elle souligné.
"Cette dernière vidéo ne montre rien de plus que l'absence de preuves contre Sakineh Mohammadi-Ashtiani", a ajouté Amnesty, précisant qu'une réponse à une demande de la défense de réexaminer son cas par la justice était attendue vers le 15 août.
"Il semble que les autorités iraniennes ont orchestré ces 'aveux' après la demande de la défense et maintenant elles inventent de nouvelles accusations de meurtre de son mari", a-t-elle estimé.