LIBREVILLE - Les quatre hommes accusés d'avoir participé à l'attaque du palais présidentiel de Guinée équatoriale en février 2009, condamnés à mort samedi, ont été exécutés le même jour, affirme lundi Amnesty International (AI) dans un communiqué reçu par l'AFP à Libreville.
Joint par l'AFP depuis Libreville, le ministre équato-guinéen de l'Information et porte-parole du gouvernement, Jeronimo Osa Osa Ekoro, a déclaré qu'un communiqué sur le sujet serait diffusé en soirée, sans vouloir donner de détail.
José Abeso Nsue Nchama, alias POPO, ex-capitaine des Forces terrestres, Manuel Ndong Anseme, adjudant, Jacinto Micha Obiang, contrôleur de douane et élément de la Sécurité présidentielle, et Alipio Ndong Asumu "ont été exécutés le 21 août immédiatement après avoir été condamnés par la cour militaire dans la capitale du pays, Malabo", affirme Amnesty International.
Les quatre hommes avaient été reconnus "criminellement responsables et auteurs de délits d'attentat contre le chef de l'Etat et représentant du gouvernement, terrorisme et trahison", selon le verdict.
Le 17 février 2009, des hommes armés venus par la mer avaient tenté de débarquer à Malabo dans une attaque aux motivations encore mystérieuses. Les autorités avaient affirmé avoir repoussé l'attaque, qui visait, selon elles, le palais présidentiel.
Selon le tribunal cité par la radio d'Etat, l'objectif de l'attaque était de chasser du pouvoir le régime du président Teodoro Obiang Nguema. L'ex-capitaine José Abeso Nsue devait occuper la présidence comme chef d'état-major avant de faire appel à un certain Angel Esono Nsuga, qui n'a pas été arrêté et est considéré comme le cerveau du putsch raté, a précisé le tribunal.
"Ces hommes ont été condamnés après un procès inique, condamnés à mort et exécutés avec une froide vitesse sans avoir eu la moindre opportunité de faire appel", souligne AI.
"Les quatre hommes vivaient comme réfugiés au Bénin depuis plusieurs années, quand ils ont été enlevés par les forces de sécurité équato-guinéennes en janvier 2010", rappelle l'ONG.
"Ces anciens militaires ont ensuite été mis au secret à la prison Black Beach de Malabo, où ils auraient +confessé+ l'attaque du palais", poursuit-elle, indiquant avoir "reçu des rapports affirmant qu'ils ont été torturés en détention et forcés à +confesser+ leur participation à l'attaque".
"José Abeso aurait demandé à voir sa famille après l'annonce du verdict mais quand sa femme et son fils sont arrivés à la prison de Black Beach une heure plus tard, il avait déjà été exécuté", rapporte AI.
Malabo avait initialement attribué l'assaut au Mouvement pour l'émancipation du delta du Niger (Mend), une rebellion du sud du Nigeria, avant d'accuser Faustino Ondo Ebang, ex-chef de l'Union populaire (UP, parti d'opposition) réfugié en Espagne depuis 2007, d'en être le "commanditaire".
Deux autres suspects ont été condamnés à 20 ans de prison pour complicité dans ce procès. Le procès, dont les débats se sont déroulés dans la discrétion, s'est ouvert le 13 août, selon la télévision.
Ces deux personnes avaient déjà été jugées avec neuf autres Equato-guinéens, tous membres de l'UP, aux côtés de sept Nigérians par la cour d'appel de Malabo en mars pour l'attaque du 17 février.
Tous les Equato-guinéens avaient alors été relaxés, tandis que les Nigérians avaient été condamnés à une peine de 12 ans de prison pour "terrorisme". Ces derniers avaient clamé leur innocence, expliquant qu'ils étaient des pêcheurs pris dans une tempête le jour de l'attaque.