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Le verdict du procès d'Amina Lawal, menacée de lapidation, va être rendu

dépêche de presse du 23 septembre 2003 - Agence mondiale d'information - AFP
Pays :
peine de mort / Nigéria
Thèmes :
KANO (Nigeria) (AFP) - Amina Lawal, mère de quatre enfants condamnée au mois de mars à la peine de mort par lapidation par un tribunal islamique nigérian pour avoir eu un enfant hors mariage, se présentera jeudi devant la cour d'appel islamique de Katsina (nord), qui rendra enfin son verdict.
La jeune femme de 31 ans avait comparu le 27 août devant la cour d'appel islamique de Katsina qui a examiné son recours contre le jugement d'un tribunal islamique avant d'ajourner son verdict au 25 septembre.


En cas de condamnation, Amina serait la première personne a être lapidée depuis l'introduction de la charia (stricte loi islamique), en 2000, dans douze Etats à majorité musulmane du nord du Nigeria.

Dans l'attente d'un verdict, ses partisans se déclarent toutefois confiants pour Amina, condamnée pour avoir eu un enfant plus de deux ans après avoir divorcé, ce que la charia considère comme un crime.

"Je pense que nous avons bien fait notre travail. Je pense que nous allons obtenir un bon résultat", a déclaré lundi à l'AFP Ezinne Ndidi Ekekwe, avocat nigérian et militant du groupe de défense des droits de la femme Baobab.

Si l'argumentaire de la défense était retenu et que le tribunal islamique de Katsina acquittait Anina, le gouvernement fédéral nigérian du président Olusegun Obasanjo serait probablement soulagé.

Car le sort d'Amina, dénoncée aux autorités religieuses par ses voisins dans le village de Kurami (Etat de Katsine), a provoqué de nombreux mouvements de soutien dans le monde.

Des veillées à la bougie ont été organisées devant des ambassades nigérianes en Europe et des envois collectifs d'e-mails et de lettres ont été organises pour faire pression sur M. Obasanjo.

Jusqu'à présent, le chef d'Etat chrétien n'a pas encore directement dénoncé la charia, par peur de mécontenter les quelque 63 millions de musulmans nigérians, soit la moitié de la population du pays le plus peuplé d'Afrique.

D'ailleurs, une autre jeune mère et son ancien compagnon, Fatima Usman et Ahmadu Ibrahim, ont également été condamnés à la lapidation dans l'Etat du Niger et attendent l'examen de leur appel.

Par ailleurs, plus d'une dizaine de voleurs présumés attendent dans les prisons du nord du pays l'éventuelle signature des gouverneurs d'Etat concerncés autorisant que leurs mains soient tranchées, conformément à la charia.

Chrétiens nigérians et militants des droits de l'Homme des deux communautés manifestent quant à eux leur mécontentement face à la passivité de M. Obasanjo.

"La Constitution du Nigeria est souveraine dans les affaires légales. Etendre la juridiction de la charia aux affaires criminelles est anticonstitutionnel", a affirmé lundi à l'AFP Nwachukwu Ike, avocat de l'Organisation des libertés civiles.

Le retour de la charia a en outre déclenché de nombreux affrontements religieux ces dernières années, faisant notamment des centaines de morts lors d'émeutes opposant Chrétiens et Musulmans et exacerbant les tensions nord-sud.

La semaine dernière, un mouvement de lutte pour les droits de l'Homme du nord du pays, représentant de nombreux musulmans modérés, a appelé à une grève de la faim pour protester contre la condamnation d'Amina Lawal.

Lors du procès en appel au mois d'août, l'avocat de la jeune femme avait axé sa plaidoirie sur les faits et la procédure pour tenter de démontrer que la condamnation était douteuse; mais il n'avait pas cherché toutefois à remettre en cause le principe controversé de la charia.

Me Yawuri a affirmé que le tribunal qui a jugé Amina en première instance ne lui avait pas expliqué correctement son inculpation ni les conséquences de ses propos lors du procès. Il a aussi avancé que l'enfant avait été conçu avant l'entrée en vigueur de la charia dans l'Etat de Katsina et que la grossesse avait été le résultat d'un possible "embryon dormant" (phénomène reconnu par la loi islamique), fécondé alors qu'Amina était encore mariée.

Aucune des condamnations à mort par lapidation prononcées au Nigeria n'a été mise en application depuis que douze Etats du nord ont adopté la charia.
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