WASHINGTON — Une juge fédérale a interdit lundi à l'Etat de l'Arizona, dans le sud-ouest des Etats-Unis, d'exécuter mardi par injection mortelle Jeffrey Landrigan, 48 ans, à l'aide d'un anesthésiant dont les autorités refusent de divulguer l'origine.
Jeffrey Landrigan, condamné à mort pour meurtre en 1990, devait être exécuté mardi matin.
Alors que le seul laboratoire fabriquant l'anesthésiant utilisé dans les exécutions aux Etats-Unis, le thiopental, est en rupture de stock, l'Arizona avait annoncé le 30 septembre s'être procuré une dose suffisante du produit pour exécuter M. Landrigan.
Craignant que leur client soit mis à mort à l'aide d'un produit "contrefait ou frelaté", ses avocats ont demandé à la justice d'obliger l'Arizona à dire d'où venait la dose.
Devant la Cour suprême de l'Arizona le 20 octobre, les autorités de l'Etat avaient refusé de divulguer l'origine du produit mais avaient admis l'avoir importé. La Cour suprême avait ensuite donné son feu vert à l'exécution.
Trois jours plus tard, saisie par les avocats du condamné, la juge fédérale Roslyn Silver, a ordonné à l'Arizona de "révéler immédiatement et publiquement l'origine" du thiopental.
Lundi, l'Etat a accepté de répondre à cette injonction mais en la seule présence du juge, en réclamant que la défense n'ait pas accès aux renseignements prodigués.
"Le tribunal fait face à une situation où le plaignant fait une requête plausible et où les preuves liées à cette requête sont en la seule possession de l'Etat qui refuse de les divulguer", s'est agacée la juge Silver, se disant "perplexe" devant l'attitude "extrêmement inhabituelle" de l'Arizona.
Elle a assuré ne pas être en mesure de "déterminer si l'anesthésiant a été produit par un laboratoire étranger respectant les normes (américaines) et si le produit n'a pas été contaminé au cours de sa fabrication".
Il y a donc "un risque de souffrance", a-t-elle conclu en interdisant à l'Arizona d'exécuter M. Landrigan dans l'immédiat et rejetant sa demande que l'origine du produit reste confidentielle.
"La Constitution américaine prévoit que toute personne doit être traitée avec humanité, même les condamnés à mort, cela signifie que la méthode d'exécution doit être humaine", a commenté pour l'AFP Richard Dieter, directeur du Centre d'information sur la peine de mort.