Cinq ans après son interpellation en Indonésie suivie de sa condamnation à mort dans une affaire de drogue, le Français Serge Atlaoui se prépare à jouer sa dernière carte judiciaire pour échapper au peloton d'exécution. "Je suis combatif. Je veux prouver que je ne mérite pas la mort", lance l'artisan soudeur de 47 ans.
Serge Atlaoui sait qu'il a "épuisé presque toutes les options judiciaires". Il lui reste la demande en révision de son procès, qu'il compte déposer et défendre début 2011 devant la justice indonésienne. "C'est ma dernière chance. Je m'y prépare du mieux que je le peux", précise-t-il à l'AFP. "J'ai le temps pour ça", sourit ce Lorrain grand et costaud, aîné d'une fratrie de douze et père de trois enfants.
Atlaoui est probablement l'un des Français les plus isolés au monde en étant détenu sur l'île de Nusakambangan, au sud de Java, à une dizaine d'heures de route et de ferry de Jakarta. Sept prisons y sont disséminées entre jungle et plages désertes battues par l'océan Indien, ce qui vaut à l'île le surnom d'"Alcazar indonésien". Classée "sécurité maximale", la prison d'Atlaoui, "Pasir Putih" ("sable blanc"), accueille 245 détenus, dont 27 étrangers, pour la plupart tombés pour des affaires de drogue.
Le Français juge décentes les conditions carcérales. "Les portes des cellules sont ouvertes de 6h à 18h. Nous pouvons faire beaucoup de sport, comme le ping pong ou le fitness. Les gardiens nous respectent et l'ambiance est plutôt relax. Je peux régulièrement téléphoner à mes proches", témoigne-t-il. Peu porté sur les mets indonésiens, le Français occupe une partie de son temps à cuisiner. Et "lorsque je ne travaille pas mon dossier, je lis beaucoup, notamment le Coran". Son comportement est salué par le directeur de la prison, Sutrisman, qui loue "ses bonnes manières, son respect des règles et son ouverture vis à vis des autres détenus".
La vie d'Atlaoui a basculé le 11 novembre 2005. Il est interpellé lors d'un raid policier dans un laboratoire clandestin proche de Jakarta où s'effectuent des "tests" de produits chimiques destinés à la fabrication de drogue illicite. L'affaire fait grand bruit, le président indonésien se déplace sur les lieux et, pour le Français, "c'est le début de la fin".
Se basant sur la jurisprudence, Atlaoui pense s'en tirer avec 15 ans de prison mais il est condamné à la prison à perpétuité, une peine confirmée en appel, l'Indonésie voulant prouver son intransigeance vis à vis de la drogue. En mai 2007, la Cour suprême aggrave la sentence: l'accusé doit être fusillé, comme huit autres membres du "réseau".