(AFP) – WASHINGTON — La régularité de la condamnation à mort en 1982 de Mumia Abu Jamal, un des condamnés américains les plus célèbres du monde, a été à nouveau examinée mardi par une cour d'appel qui peut décider de rétablir la peine capitale ou bien de convoquer un nouveau jury.
Mumia Abu Jamal, ancien journaliste noir aujourd'hui âgé de 56 ans, a été condamné à mort en 1982 pour le meurtre d'un policier blanc qu'il nie avoir commis.
Lors d'une audience très technique mardi, la cour d'appel fédérale de Philadelphie (Pennsylvanie, est) a écouté les parties contester ou approuver la suspension de sa condamnation à mort qu'elle avait elle-même prononcée en 2008.
La Pennsylvanie ayant déposé un recours contre cette suspension devant la Cour suprême et obtenu gain de cause devant elle, la cour d'appel de Philadelphie doit décider maintenant si elle maintient ou si elle modifie sa décision.
Le fond du dossier porte sur une erreur dans les consignes données au jury dans l'attribution de la peine de mort ou d'une peine de prison à vie qui a pu influencer leur décision à l'époque du procès.
"La cour devra décider si elle répond favorablement à l'injonction de la Cour suprême et condamne définitivement Mumia à mort", a expliqué à l'AFP Jacky Hortaut, co-animateur du Collectif unitaire national, le comité de soutien français de Mumia Abu Jamal dont une délégation a assisté à l'audience.
La cour d'appel qui ne rendra pas sa décision avant plusieurs mois peut aussi, a-t-il précisé, "résister à cette injonction de la Cour suprême et (...) sélectionner un nouveau jury qui aurait à se prononcer de manière définitive sur la sentence".
A la sortie de l'audience, selon plusieurs témoins, les soutiens de Mumia Abu Jamal ont exprimé leur optimisme. "Je suis satisfaite de la teneur de l'audience, la loi est de notre côté", a déclaré son avocate Judith Ritter à l'association Reporters sans frontières (RSF).
Les différents tribunaux et jusqu'à la Cour suprême ayant refusé de remettre en cause la culpabilité du condamné, la question ne porte que sur la peine capitale ou la perpétuité réelle. "Dans un cas comme dans l'autre, c'est la mort en prison pour Mumia, ce qui n'est pas satisfaisant", a déclaré Jacky Hortaut, en évoquant un "déni de justice".
"J'espère que ce qui va sortir de tout ça, ce n'est pas qu'il va vivre en prison pour toujours mais qu'il va vivre", a déclaré Lydia Brashango, la soeur de Mumia Abu Jamal.
Une pétition internationale en ligne lancée en janvier pour demander au président américain Barack Obama de se prononcer contre la condamnation à mort de Mumia Abu Jamal a recueilli plus de 29.000 signatures à ce jour, parmi lesquelles l'ancienne Première dame de France Danielle Mitterrand, l'écrivain allemand Günter Grass, ou le linguiste américain Noam Chomsky.
Environ 500 personnes s'étaient rassemblées devant le palais de justice pour demander la libération du condamné, assurant qu'ils l'obtiendraient "brique par brique, mur par mur", selon le comité de soutien.
"Nous demandons aux juges d'examiner la possibilité d'une nouvelle condamnation par un jury dans le respect de l'Etat de droit, dans +la plus éminente démocratie du monde+", a déclaré au nom de RSF Clothilde LeCoz après l'audience.