(AFP) – WASHINGTON — Deux tiers des Américains seraient favorables au remplacement de la peine de mort par des peines de prison à vie, avec et sans possibilité de sortie, selon une étude publiée mardi qui bouscule l'idée reçue d'un fort soutien populaire pour le châtiment ultime.
Réalisée à la demande du Centre d'information sur la peine de mort (DPIC), qui fait autorité en la matière, cette étude est "la plus complète jamais faite sur la peine de mort", selon sa directrice Celinda Lake.
Soixante questions posées à 1.500 personnes inscrites sur les listes électorales, à travers tout le pays, montrent que "la croyance populaire selon laquelle une majorité d'Américains soutiennent la peine de mort sans restriction, (...) a tort: lorsqu'on leur donne le choix, la majorité des Américains se prononcent pour une punition alternative", a expliqué la spécialiste lors d'une conférence de presse.
Concrètement, 39% se prononcent pour des condamnations à la perpétuité sans possibilité de sortie et avec obligation de travailler pour indemniser les familles de victimes, 13% pour la perpétuité sans possibilité de sortie, 9% pour la perpétuité en laissant la possibilité de sortir et 33% pour la peine de mort.
Plusieurs facteurs entrent en ligne de compte, montre l'étude réalisée en mai, parmi lesquels le coût exorbitant de la peine capitale par rapport aux solutions alternatives, mais aussi le risque d'exécuter un innocent et le fait qu'elle est souvent liée à "la couleur de peau, au revenu mensuel et au lieu d'habitation d'une personne".
Mme Lake note également que "deux groupes émergent" lourdement opposés à la peine capitale: les Latinos (72%) qui citent souvent des raisons morales et religieuses, et les jeunes âgés de moins de 30 ans (70%).
Interrogés sur les priorités budgétaires qu'ils aimeraient voir adoptées dans leur Etat, les sondés placent en outre le système de la peine de mort en dernier (19% en font une priorité absolue, 33% pas du tout), au profit des écoles (une priorité absolue pour 50%) ou des créations d'emplois (une priorité absolue pour 55%).
"Ces résultats montrent que les Américains sont ouverts à une vraie discussion sur la peine de mort", a commenté mardi Richard Dieter, directeur du DPIC.
Sondage réalisé en mai par Lake Research Partner auprès d'un échantillon représentatif de 1.500 personnes inscrites sur les listes électorales, avec une marge d'erreur de 2,5%.