TEHERAN — La petite amie d'un footballeur iranien, reconnue coupable d'avoir tué l'épouse du joueur, a été pendue mercredi en Iran, a annoncé son avocat à l'agence de presse officielle IRNA.
"Après environ huit ans (derrière les barreaux, ndlr), Shahla Jahed a été pendue à 05H00 ce matin (01H30 GMT) à la prison d'Evin", a déclaré l'avocat, Abdolsamad Khoramshahi.
Amnesty International, qui avait appelé mardi l'Iran à suspendre l'exécution, a condamné l'application de la peine. "L'exécution de Shahla Jahed, comme toute exécution de ce genre, est un exemple des meurtres de sang-froid et prémédités commis par l'Etat".
"Elle est particulièrement consternante, des doutes sérieux subsistant sur l'équité du procès et sur les preuves utilisées contre la prévenue", a estimé dans un communiqué Malcolm Smart, directeur d'Amnesty pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord.
Le frère de la victime "a accompli l'acte final de l'exécution (...) en renversant le tabouret sur lequel elle se tenait, la corde autour du cou", écrit Amnesty citant l'agence de presse iranienne ISNA.
Khadijeh Jahed, connue sous le prénom de Shahla, a été condamnée à mort pour le meurtre de l'épouse de l'ex-joueur vedette Nasser Mohammad Khani.
Shahla et M. Khani, une étoile du football iranien dans les années 1980, avaient conclu une forme de mariage temporaire propre à l'islam chiite, qui permet une union allant de quelques heures à plusieurs dizaines d'années.
Les hommes peuvent avoir jusqu'à quatre épouses "permanentes" et un nombre indéfini d'épouses "temporaires", mais les femmes ne peuvent être mariés qu'à un homme à la fois.
Condamnée à mort en juin 2004, Shahla Jahed était ensuite revenue sur ses aveux. Le chef de la justice avait ordonné en novembre 2005 le sursis de l'exécution pour que l'affaire soit réexaminée, mais la peine de mort avait été confirmée en septembre 2006.
Début 2008, la justice avait de nouveau fait annuler le verdict et ordonné un nouvel examen, mais l'Iranienne avait été une nouvelle fois condamnée à mort en février 2009, selon Amnesty.
Le Conseil de l'Europe a lui aussi condamné mercredi la pendaison, son secrétaire général, Thorbjorn Jagland se déclarant "atterré" dans un communiqué où il "constate une fois de plus que le régime iranien a peu de respect pour les droits de l'Homme".
Cette pendaison porte à au moins 146 le nombre d'exécutions en Iran depuis le début de l'année, selon un décompte de l'AFP établi à partir d'informations publiées par la presse locale.
En 2009, au moins 270 personnes avaient été exécutées en Iran.
En matière de droit commun, le meurtre, le viol, le vol à main armée, le trafic de drogue et l'adultère sont passibles de la peine de mort en Iran, où les autorités estiment qu'une application sévère de la loi est indispensable pour maintenir la sécurité publique.