Alger - Un héros de la lutte anti-coloniale en Algérie condamné à la peine capitale pour avoir abattu un dirigeant rebelle islamiste repenti qui le menaçait a été gracié et devrait pouvoir retrouver sa liberté, a indiqué lundi l'un de ses fils à la presse.
Le président algérien Abdelaziz Bouteflika "a fait un geste en direction de mon père", Mohamed Gharbi, ancien moudjahid et officier de l'armée algérienne à la retraite, a déclaré son fils Mourad Gharbi au quotidien l'Expression. "Il s'agit d'une grâce présidentielle, cela nous a un peu apaisé", a-t-il ajouté.
La sentence prononcée contre M. Gharbi, 75 ans, a été commuée en 20 ans d'emprisonnement, a précisé son fils. "Nous nous attendions à la libération. Mon père est un homme âgé, fatigué et malade", a-t-il toutefois regretté ajoutant qu'un dossier sera présenté pour demander sa liberté conditionnelle.
Son avocat, Me Abderrahmane Boutamine a indiqué au quotidien El-Watan que le condamné avait déjà purgé "la moitié de sa peine, dix ans de prison, et est donc en droit de demander une libération conditionnelle".
Mais il lui faudra s'acquitter des frais de justice et de "réparations civiles", évaluées à plus d'un million de dinars (plus de 10.000 euros, plus de 13.000 dollars), a-t-il ajouté.
L'ancien combattant est emprisonné depuis février 2001 pour avoir abattu à la kalachnikov Ali Merad, membre de l'Armée islamique du salut (AIS) qui le narguait et le menaçait dans sa ville natale de Souk Ahras, à quelque 600 km au sud est d'Alger, proche de la frontière tunisienne.
Gharbi avait créé dans sa région dans les années 90 un groupe de légitime défense pour contrer les violences des islamistes.
Aucune des plaintes déposées contre Merad, qui avait déposé les armes en échange de son amnistie dans le cadre de la politique de réconciliation nationale de M. Bouteflika, n'avait abouti.
Une vigoureuse campagne avait été lancée dans le pays pour obtenir la libération du condamné et la Coordination pour la libération de Mohamed Gharbi (CLMG) s'est félicitée de la grâce. Mais un de ses membres, Mohamed Baghdadi, a tempéré l'enthousiasme: "c'est difficile de crier victoire parce qu'on ne sait jamais comment réagiront les islamistes".