Agence France-Presse, Washington
Le procès, pour le moins inhabituel aux États-Unis, de la constitutionnalité de la peine de mort, a commencé lundi au Texas, qui détient tous les records en matière d'exécutions capitales devant un juge local atypique, a rapporté la presse locale.
Le juge Kevin Fine, un progressiste élu dans un État ultra-conservateur, dont une partie du corps est recouverte de tatouages, est un ancien drogué reconverti dans le droit et connu pour son franc-parler et ses jugements insolites.
En mars 2010, statuant dans une affaire de braquage en 2008 pour lequel un jeune Noir de 25 ans, John Green, risque la peine de mort alors qu'il se dit innocent, il avait estimé que la peine de mort était anti-constitutionnelle car elle ouvrait la voie à la possible exécution d'innocents.
Mais devant le concert de protestations soulevé par cette décision, il était revenu sur son jugement et avait décidé de tenir deux semaines d'audience pour examiner la question sur le fond. De nombreux témoins et experts doivent se succéder à la barre.
Lundi, selon les médias locaux, les procureurs ont annoncé qu'ils ne prendraient pas la parole pendant ces audiences, rappelant que la peine de mort figurait dans la loi et ne pouvait être remise en cause en tant que telle.
Parmi les témoins attendus pendant ces deux semaines, des experts viendront détailler les doutes persistants sur la culpabilité de Claude Jones exécuté par le Texas en 2000 sur la base d'un cheveu retrouvé sur la scène du crime dont il a été prouvé début novembre qu'il n'était pas le sien.
Ils évoqueront également le cas de Todd Willingham, exécuté en 2004 au Texas pour le meurtre de ses trois filles dans un incendie présenté à son procès comme volontaire mais que la totalité des spécialistes affirment accidentel.
La possibilité d'exécuter un innocent est un des thèmes récurrents des abolitionnistes qui rappellent que 139 condamnés à mort aux États-Unis ont été innocentés avant exécution depuis 35 ans, dont 12 au Texas.
Le Texas a exécuté 17 des 45 hommes mis à mort en 2010 dans le pays et 464 personnes depuis 1976, soit plus du tiers de toutes les exécutions aux Etats-Unis.