LAHORE (Pakistan), 24 déc 2010 (AFP) - Plusieurs milliers de Pakistanais ont manifesté vendredi dans les plus grandes villes du pays pour prévenir le gouvernement qu'ils n'accepteraient aucune modification de la loi controversée sur le blasphème, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Des organisations de défense des droits de l'Homme ont récemment réclamé l'amendement de cette loi, à la lumière notamment du cas d'Asia Bibi, une paysanne mère de famille condamnée en novembre dernier à être pendue pour avoir blasphémé contre le prophète Mahomet.
Près de 1.500 personnes ont manifesté vendredi à Lahore (est) aux cris de "Jihad" (guerre sainte) et en se disant prêts à sacrifier leur vie pour le prophète et pour défendre la loi sur le blasphème.
Dans la capitale économique Karachi (sud), plus de 2.000 personnes ont notamment demandé au gouvernement de punir Asia Bibi. Des centaines d'autres ont battu le pavé à Multan (centre) en prévenant qu'ils étaient prêts à donner leur vie pour empêcher les députés de modifier la loi.
Plusieurs organisations et responsables religieux pakistanais, dont l'influent Sunni Ittehad Council, ont récemment prévenu que toute grâce présidentielle accordée à Asia Bibi provoquerait l'anarchie dans le pays.
Asia Bibi, 45 ans, une paysanne issue d'une famille très pauvre et mère de cinq enfants, a été condamnée le 8 novembre à la peine de mort par pendaison par un tribunal de Nankana (est) pour avoir blasphémé contre le prophète Mahomet, une accusation portée par des femmes musulmanes du même village à l'issue d'une querelle.
Elle a fait appel de ce verdict et la haute cour de Lahore (est) doit se prononcer prochainement.
De nombreux pays et organisations internationales et des personnalités politiques et associations au Pakistan pressent le président Asif Ali Zardari de la gracier.
Le ministre des Minorités, Shahbaz Bhatti, lui-même chrétien, a présenté fin novembre au président Zardari une demande de clémence pour Asia Bibi.
La peine capitale n'a jamais été appliquée dans un passé récent au Pakistan pour les personnes condamnées pour blasphème. Elles sont acquittées en appel ou la peine est commuée en peine de prison.