ISLAMABAD, 30 déc 2010 (AFP) - Aucune proposition de modification de la loi controversée sur le blasphème n'a à ce jour été soumise au gouvernement, a déclaré jeudi un ministre pakistanais.
Cette loi controversée est revenue sur le devant de la scène en novembre avec la condamnation à mort d'Asia Bibi, une paysanne mère de famille, accusée d'avoir blasphémé contre le prophète Mahomet et actuellement emprisonnée.
Une ancienne ministre et députée du Parti du peuple pakistanais (PPP) au pouvoir, Sherry Rehman, a proposé le mois dernier d'abroger la peine de mort prévue dans de tels cas, soulevant l'indignation des partis et association religieux qui ont manifesté contre toute modification de la loi.
"Aucune proposition de modification de la loi sur le blasphème n'a été soumise au gouvernement", a déclaré le vice-ministre de l'Information Samsam Bokhari à la presse. "En ce qui concerne la position du PPP sur cette question, la loi n'est pas amendée et le gouvernement ne prévoit pas de la modifier".
Plusieurs organisations et responsables religieux pakistanais, dont l'influent Sunni Ittehad Council, ont récemment prévenu que toute grâce présidentielle accordée à Asia Bibi provoquerait l'anarchie dans le pays.
Asia Bibi, 45 ans, paysanne issue d'une famille très pauvre et mère de cinq enfants, a été condamnée le 8 novembre à la peine de mort par pendaison à Nankana (est) pour avoir blasphémé contre le prophète Mahomet, une accusation portée par des femmes musulmanes du même village à l'issue d'une querelle.
Elle a fait appel de ce verdict et la haute cour de Lahore (est) doit se prononcer prochainement.
De nombreux pays et organisations internationales et des personnalités politiques et associations au Pakistan pressent le président Asif Ali Zardari de la gracier.
Le ministre des Minorités, Shahbaz Bhatti, lui-même chrétien, a présenté fin novembre au président Zardari une demande de clémence pour Asia Bibi.
La peine capitale n'a jamais dans un passé récent été appliquée par la République islamique du Pakistan aux personnes condamnées pour blasphème. Elles sont acquittées en appel ou la peine est commuée en peine de prison.