PARIS (AFP) - Le détenu noir américain Mumia Abu-Jamal, condamné à la peine de mort en 1982 pour le meurtre d'un policier revendiqué depuis par quelqu'un d'autre, a été fait samedi citoyen d'honneur de la ville de Paris en présence d'Angela Davis, représentant son comité de soutien.
Devant quelque 200 personnes, militants de la gauche, notamment communiste, et représentants d'associations, le maire de Paris Bertrand Delanoë a souligné que c'était la première fois depuis Pablo Picasso en 1971 que la ville accordait cette distinction, votée en décembre 2001 par le Conseil de Paris.
Pierre Mansat (PCF), adjoint au maire, est allé récemment voir le détenu dans sa cellule de Philadelphie (Pennsylvanie).
M. Delanoë a évoqué "cette barbarie qui s'appelle la peine de mort", ajoutant: "Tant qu'il y aura un endroit sur cette planète où l'on pourra tuer au nom de la collectivité, nous n'aurons pas fini notre travail". Après avoir levé le poing en signe de solidarité, il a lancé : "Mumia est un Parisien".
Dans un français parfait, Angela Davis a pour sa part vanté le "sens profond de l'humanité" d'Abu Jamal et fait valoir que le mouvement pour sa libération "prend un nouveau sens au regard de l'unilatéralisme américain, l'agression contre le peuple irakien et les attaques racistes à l'encontre des émigrants qui ne font que ronger davantage les vestiges de la démocratie en Amérique".
Elle a remis à M. Delanoë, qu'elle rencontrait pour la première fois, un tee-shirt à l'effigie du détenu américain.
Dans un message enregistré, Mumia Abu Jamal, qui se trouve toujours dans le couloir de la mort, a remercié les Français "d'avoir pris le parti de la vie en 1981". "Merci mes amis, à bientôt", concluait-il en français. Les autorités américaines refusent la tenue d'un nouveau procès.
Considéré par ses défenseurs comme un détenu politique, Abu Jamal a toujours clamé son innocence du meurtre du policier Daniel Faulkner, revendiqué en 1999 par un certain Arnold Beverly, qui avait alors affirmé à la police que le meurtre avait été commandité par la mafia.
Le président du groupe communiste au Conseil de Paris Jean Vuillermoz, à l'origine de la proposition de le faire citoyen d'honneur, a souligné à l'AFP que cette distinction devait rester relativement "exceptionnelle".
Récemment, le Conseil a pris la même mesure pour Ingrid Betancourt, détenue en Colombie par les FARC depuis février 2002, et pour Iouri Bandajevski, scientifique biélorusse condamné pour ses recherches sur les conséquences de l'accident de Tchernobyl.