(AFP) – TRIPOLI — Le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, dont le régime est confronté à une révolte populaire sans précédent, a menacé mardi les manifestants armés de "la peine de mort" et appelé l'armée et la police à reprendre la situation en main, dans un discours retransmis à la télévision.
"Rendez vos armes immédiatement, sinon il y aura des boucheries", a-t-il lancé.
Vers 17H00 GMT, le colonel Kadhafi, drapé dans une tunique marron, poursuivait toujours son discours entamé une heure plus tôt.
Le "Guide", qui tenait à la main son Livre vert, recueil de ses pensées publié dans les années 1970 et qui sert de Constitution au pays, a également affirmé qu'il se "battra(it) jusqu'à la dernière goutte de (son) sang".
"Mouammar Kadhafi n'a pas de poste officiel pour qu'il en démissionne. Mouammar Kadhafi est le chef de la révolution, synonyme de sacrifices jusqu'à la fin des jours. C'est mon pays, celui de mes parents et des ancêtres", a-t-il affirmé, dans un discours enflammé, en parlant de lui à la troisième personne.
Le colonel Kadhafi est arrivé au pouvoir après avoir renversé le 1er septembre 1969 le roi Idriss.
En 1977, il avait proclamé la "Jamahiriya" -qu'il définit comme un "Etat des masses" qui gouvernent par le biais de comités populaires élus- s'attribuant le seul titre de "Guide de la révolution".
Il a menacé les "rebelles" d'une riposte "similaire à Tiananmen (en Chine) et Fallouja (en Irak)".
A Fallouja, avait été rasée en 2004 par deux assauts de l'armée américaine contre la rébellion. L'intervention de l?armée chinoise contre la population civile de Pékin sur la place Tiananmen, dans la nuit du 3 au 4 juin 1989, s?était soldée par des centaines, voire plus d?un millier de morts.
"Tous les jeunes doivent créer demain les comités de défense de la révolution: ils protègeront les routes, les ponts, les aéroports", a-t-il dit. "Tout le monde doit prendre le contrôle de la rue, le peuple libyen doit prendre le contrôle de la Libye, nous allons leur montrer ce qu'est une révolution populaire", a-t-il ajouté, en lisant un texte dans un discours parfois ponctué de silences et de bégaiements.
"Aucun fou ne pourra couper notre pays en morceaux", a encore dit le colonel Kadhafi, qui s'exprimait devant sa maison bombardée en avril 1986 par les Américains et laissée depuis en l'état.
La Libye est touchée depuis le 15 janvier par un mouvement de contestation sans précédent, qui est violemment réprimé.
Lundi matin, la Fédération internationale des Ligues de droits de l'Homme (FIDH) avait avancé le chiffre de "300 à 400" morts dans le pays.
Une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU consacrée aux violences en Libye a commencé mardi à New York, l'ambassadeur d'Allemagne Peter Wittig appelant à une action "rapide et claire".
La haut commissaire des Nations Unies aux droits de l'Homme, Navi Pillay a exigé l'ouverture d'une "enquête internationale indépendante" sur les violences, évoquant la possibilité de "crimes contre l'humanité".
Plusieurs dirigeants libyens ont fait défection à l'instar du ministre de la Justice Moustapha Abdel Jalil pour protester contre les violences contre les manifestants, de même que des diplomates en poste à l'étranger.