GENEVE, 2 mars 2011 (AFP) - La Haut commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Navy Pillay, a dénoncé mercredi "la tragédie" que constituent les meurtres d'opposants à la loi sur le blasphème au Pakistan, appelant les autorités à réformer cette législation.
Mme Pillay réagissait à la mort du ministre pakistanais des Minorités religieuses Shahbaz Bhatti, un catholique qui militait pour la suppression de la peine de mort en cas de blasphème, tué mercredi à Islamabad par des inconnus, deux mois après l'assassinat d'un gouverneur, Salman Taseer qui avait pris la défense d'une chrétienne condamnée à la peine capitale pour avoir "insulté" le prophète Mahomet.
"Ces meurtres sont une tragédie pour le Pakistan et pour ceux qui envisagent un avenir du pays centré sur les droits de l'homme", a estimé l'ancienne juge sud-africaine dans un communiqué.
"J'exhorte le gouvernement du Pakistan à honorer les positions courageuses de M. Batthi et M. Taseer en soutenant leur point de vue sur les lois sur les blasphèmes", a-t-elle poursuivi, appelant à un "moratoire" sur la législation en vigueur.
"Faire autrement consistera tout simplement à encourager des actes de violence similaires", a-t-elle insisté.
Selon la responsable des droits de l'homme de l'ONU, "l'expérience dans le monde a montré que ces lois sur les blasphèmes étaient des couteaux à double tranchant".
"Ayant pour objectif de défendre certaines valeurs, elles ouvrent la porte à des abus et mènent à des violations de la liberté d'expression, de la liberté de religion et au bout du compte du droit à la vie", a-t-elle conclu.