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USA: la police saisit un stock importé d'anesthésiant pour exécution

dépêche de presse du 16 mars 2011 - Agence mondiale d'information - AFP
Pays :
peine de mort / Etats-Unis
WASHINGTON - La police anti-drogue américaine (Drug enforcement administration, DEA) a saisi le stock d'anesthésiant thiopental importé par la Géorgie (sud-est des Etats-Unis) pour ses exécutions, en raison de sa provenance douteuse, a-t-on appris mercredi de sources concordantes.

"La DEA travaille avec les autorités pénitentiaires de Géorgie afin de s'assurer qu'elles sont en conformité avec la législation fédérale sur les médicaments", a assuré à l'AFP la police anti-drogue dans un communiqué laconique.

Un peu plus tôt dans la journée, la DEA avait confirmé cette saisie au journal local Atlanta Journal-Constitution, assurant vouloir enquêter sur la filière d'importation de cet anesthésiant, en rupture de stock aux Etats-Unis.

Les autorités pénitentiaires de Géorgie, qui a déjà exécuté un homme fin janvier avec l'anesthésiant importé, n'ont pas donné suite à plusieurs requêtes de l'AFP. Mais sans anesthésiant, l'Etat ne peut plus poursuivre ses exécutions par injection car les condamnés pourraient souffrir de l'injection des deux produits diffusés dans leurs veines après l'anesthésiant, un qui paralyse leurs muscles et un qui arrête leur coeur.

Cette saisie intervient trois semaines après l'envoi au ministre américain de la Justice, Eric Holder, d'une lettre de l'avocat d'Andrew Grant DeYoung, un condamné dans le couloir de la mort dont l'exécution est imminente, condamnant les conditions dans lesquelles l'importation s'était déroulée.

En rupture de stock depuis l'été 2010, le thiopental ne sera plus fabriqué aux Etats-Unis par le seul laboratoire pharmaceutique qui le produisait, en raison de son utilisation dans les exécutions capitales.

Certains Etats, comme l'Oklahoma (sud), l'Ohio (nord) ou le Texas (sud) ont décidé de changer d'anesthésiant et utilisent désormais un anesthésiant vétérinaire, le pentobarbital. Mais d'autres, comme l'Arizona (sud-ouest), la Californie (ouest) ou la Géorgie ont importé du thiopental fabriqué en Grande-Bretagne.

Des documents finalement révélés par les autorités pénitentiaires, à la demande d'un tribunal, ont montré que le produit avait été fabriqué par "Dream Pharma ltd, un laboratoire non immatriculé situé dans une pièce à l'arrière de l'école de conduite Elgone Driving School, à Londres, en Angleterre".

"Il y a eu une série d'actes illégaux et d'échanges véreux" dans cette affaire, a assuré à l'AFP Patrick Mulvaney, avocat auprès du Southern Center for Human Rights, qui défend des condamnés à mort. Avant l'exécution d'Emmanuel Hammond, le 25 janvier, "les autorités pénitentiaires assuraient que les craintes concernant l'anesthésiant importé étaient pure spéculation", a-t-il poursuivi.

En octobre, l'Arizona (sud-ouest) a exécuté un condamné avec du thiopental en provenance de Grande-Bretagne, après avoir obtenu la bénédiction de la Cour suprême.

"Jusqu'ici, les tribunaux locaux et fédéraux, Cour suprême comprise, n'ont pas voulu se pencher sur les problèmes évidents que cause ce produit", a regretté l'avocat. Il a dit espérer les voir changer d'opinion "parce qu'il y a de graves problèmes et la justice a la responsabilité d'intervenir quand les Etats violent la loi et utilisent des produits illégalement importés".
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