WASHINGTON - La Cour suprême des Etats-Unis a refusé lundi de se saisir des recours déposés par le condamné à mort noir américain Troy Davis, qui clame son innocence, ouvrant la voie à son exécution prochaine.
La plus haute juridiction des Etats-Unis a rejeté les trois recours déposés par le condamné de 42 ans, qui attend la mort en Géorgie (sud) pour le meurtre d'un policier blanc il y a plus de 22 ans.
La Cour suprême avait pris la décision exceptionnelle en août 2009 d'ordonner qu'un tribunal fédéral examine les nouveaux éléments plaidant en faveur de son innocence.
L'arme du crime n'a jamais été retrouvée et aucune empreinte ni trace ADN n'ont été relevées sur la scène du crime qui s'est passé dans le noir complet en présence de nombreux protagonistes.
Troy Davis a déjà échappé à trois dates d'exécution et est devenu un symbole de lutte contre la peine de mort, soutenu par de nombreuses personnalités comme Jimmy Carter, le Pape Benoît XVI ou l'actrice Susan Sarandon.
Après deux jours d'audiences en juin 2010, au cours desquelles, quatre témoins visuels sont revenus sur leurs déclarations de l'époque incriminant Troy Davis, et trois ont assuré qu'un autre homme, présent au moment du crime, leur avait avoué en être l'auteur, le juge fédéral de Savannah, William Moore, a estimé qu'il n'avait pas fait la preuve de son innocence.
Le refus des neuf sages d'agir à nouveau sur le dossier laisse l'Etat de Géorgie libre au plan judiciaire d'assigner une nouvelle date d'exécution. Celle-ci pourrait intervenir dans les semaines à venir.
La dernière chance du condamné réside dans le pouvoir du comité des grâces de l'Etat de lui épargner l'injection mortelle et de commuer sa peine en prison à vie sans possibilité de sortie.
Troy Davis, alors âgé de 19 ans, avait été désigné comme l'auteur du coup de feu qui avait tué un jeune policier blanc lors d'une bagarre sur le parking d'un fast-food à Savannah en 1989, sur la foi des témoignages de neuf personnes dont sept sont revenues depuis sur leur déclarations.
Mais pour le juge William Moore, "si les nouveaux éléments apportés par M. Davis jettent un doute minimum sur sa culpabilité, il s'agit essentiellement d'un écran de fumée". Il a notamment reproché au condamné de ne pas avoir cité à comparaître un des témoins qui l'avait pointé du doigt à l'époque et qui aurait ensuite confessé être le tireur.
La Géorgie a exécuté 49 personnes depuis le rétablissement de la peine de mort en 1976, dont un le 25 janvier 2011.