L'association Amnesty International s'est dite "consternée" aujourd'hui par la décision de la Cour suprême des Etats-Unis de rejeter les recours du condamné à mort noir américain Troy Davis, estimant que "cette décision ouvre la voie à l'exécution prochaine d'un possible innocent".
La plus haute juridiction des Etats-Unis a refusé de se saisir des trois recours déposés par le condamné de 42 ans, qui attend la mort en Géorgie (sud) pour le meurtre d'un policier blanc il y a plus de 22 ans, mais qui clame son innocence. "Le système judiciaire américain montre ainsi que cela ne lui pose pas de problème d'autoriser l'exécution de quelqu'un alors qu'il y a tellement de doutes concernant sa culpabilité", déclare dans un communiqué la présidente d'Amnesty International France, Geneviève Garrigos, demandant que le Comité des grâces de l'Etat de Georgie commue cette condamnation à mort en peine d'emprisonnement.
La Cour suprême avait pris la décision exceptionnelle en août 2009 d'ordonner qu'un tribunal fédéral examine les nouveaux éléments plaidant en faveur de l'innocence de Troy Davis. L'arme du crime n'a jamais été retrouvée et aucune empreinte ni trace ADN n'ont été relevées sur la scène du crime qui s'est passé dans le noir complet en présence de nombreux protagonistes. Troy Davis a déjà échappé à trois dates d'exécution et est devenu un symbole de lutte contre la peine de mort, soutenu par de nombreuses personnalités comme Jimmy Carter, le Pape Benoît XVI ou l'actrice Susan Sarandon.
Après deux jours d'audiences en juin 2010, au cours desquelles, quatre témoins visuels sont revenus sur leurs déclarations de l'époque incriminant Troy Davis, et trois ont assuré qu'un autre homme, présent au moment du crime, leur avait avoué en être l'auteur, le juge fédéral de Savannah, William Moore, avait estimé qu'il n'avait pas fait la preuve de son innocence.