KAMPALA - Les organisations de défense des droits de l'homme Amnesty International et Human Rights Watch ont appelé mercredi le Parlement ougandais à rejeter un projet de loi durcissant la repression de l'homosexualité, et prévoyant la peine de mort dans certains cas.
Ce projet de loi, introduit en octobre 2009, a suscité un tollé international et les débats ont été suspendus pendant plusieurs mois.
Un comité parlementaire a cependant tenu des auditions de vendredi à lundi dernier sur ce texte, qui pourrait être soumis dès ce mercredi au Parlement, rapportent les deux organisations dans un communiqué commun.
Il est profondèment inquiétant que le Parlement ougandais examine à nouveau ce projet de loi affligeant, qui bafoue la dignité humaine et qui viole les principes internationaux des droits de l'homme, a estimé Michelle Kagari, directrice adjointe d'Amnesty International pour l'Afrique.
Le projet de loi, dans sa forme initiale, prévoit la peine de mort pour le viol d'un mineur par une personne du même sexe ou par un malade du sida.
Le texte propose également de punir toute discussion publique sur l'homosexualité, et rendrait passible de poursuites les parents, professeurs, médecins d'homosexuels, ou encore un propriétaire qui leur louerait un logement, en omettant d'alerter la police sur leurs orientations sexuelles.
L'actuel code pénal ougandais prévoit déjà que toute personne reconnue coupable de relation homosexuelle encourt la réclusion à perpétuité.
La relance de l'examen de ce texte survient en Ouganda dans un climat tendu par la violente repression par la police de manifestations organisées par l'opposition pour dénoncer le coût de la vie.
Le projet de loi anti-homosexualité et la violente repression par le gouvernement de manifestations pacifiques ces dernières semaines sont la preuve d'un retrécissement de l'espace des droits de l'homme en Ouganda, a commenté Graeme Reid, responsable des droits des minorités sexuelles à Human Rights Watch.
La nouvelle polémique sur ce projet de loi survient également alors que le président Yoweri Museveni, réélu largement en février dans des conditions contestées par l'opposition, doit prêter serment jeudi à Kampala.