DAKAR, 11 juillet (xinhua) -- Le Sénégal a décidé de suspendre sa décision d'extrader lundi au Tchad, l'ancien président tchadien Hissène Habré, en exil à Dakar depuis 1990, a annoncé dimanche le ministe sénégalais des Affaires étrangères, Madické Niang.
Dans une déclaration à la télévision publique sénégalaise, le ministre a précisé que cette décision de suspension a été prise à la demande du Haut Commissaire des Nations Unies pour les Droits de l'Homme.
Le Sénégal, a-t-il ajouté, entend engager immédiatement des consultations avec les Nations Unies, l'Union africaine (UA) et la communauté internationale pour qu'une solution puisse intervenir rapidement sur l'affaire Hissène Habré.
Le ministre a souligné que le Sénégal trouve "inacceptable" la solution d'une juridiction spéciale suggérée par la Cour de la Justice de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO).
Cette cour avait estimé, dans un arrêt, que le Sénégal ne pouvait pas juger Hissène Habré alors que ce pays, a indiqué M. Niang, s'était engagé à faire "juger Hissène Habré par ses propres juridictions et magistrats et non par une nouvelle juridiction dont les fondements sont discutables".
Le gouvernement sénégalais avait décidé vendredi d'extrader lundi vers le Tchad l'ancien président Habré pour se conformer à la décision de l'Union africaine qui, lors de son dernier sommet, avait demandé au Sénégal de juger Habré ou de l'extrader.
Déjà en décembre 2010, le président sénégalais Abdoulaye Wade avait décidé de ne plus faire juger au Sénégal l'ancien président tchadien et de retourner son dossier à l'Union Africaine qui lui avait donné mandat de le juger au nom de l'Afrique en 2006.
L'ancien président tchadien de 1982 à 1990 est accusé de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre quand il dirigeait son pays. En exil au Sénégal depuis son départ du pouvoir, Hissène Habré est poursuivi suite à des milliers de plaintes déposées dans plusieurs pays dont la Belgique.