L'exécution de Troy Davis, symbole international de la lutte contre la peine de mort, a été programmée pour le 21 septembre en Géorgie (sud-est des Etats-Unis) malgré les doutes sur sa culpabilité, provoquant un nouvel appel à la clémence de ses soutiens dont les recours semblent épuisés.
"La cour supérieure du comté de Chatham a ordonné l'exécution du condamné meurtrier Troy Anthony Davis", peut-on lire dans un communiqué des services pénitentiaires de Géorgie. La date a été fixée au 21 septembre à la prison de Jackson à 19H00 heure locale (23H00 GMT).
Agé de 42 ans dont 20 passés dans le couloir de la mort en Géorgie, Troy Davis est présenté par de nombreuses personnalités comme le prototype du Noir innocent, condamné à mort pour le meurtre d'un policier blanc, par la justice raciste du Sud des Etats-Unis.
"Une exécution n'est pas inévitable", s'insurge Amnesty International.
Dans un communiqué publié vendredi, l'organisation de défense des droits de l'Homme en appelle à la "clémence" du comité des grâces de Géorgie, l'exhortant à commuer la peine de Davis en prison à vie.
"Procéder à cette exécution serait démesuré, d'autant plus que les doutes sur la culpabilité de Davis n'ont pas été effacés", ajoute l'ONG.
"C'est parce qu'il y a des cas comme celui de Troy Davis que le soutien à la peine de mort a chuté de manière significative dans ce pays", observe Laura Moye, directrice de la lutte contre la peine de mort chez Amnesty international. "La possibilité d'une erreur humaine est bien trop importante et les risques d'exécuter un innocent bien trop réels", poursuit-elle.
"C'est la quatrième date sérieuse fixée pour son exécution", a déclaré à l'AFP Richard Dieter, directeur du Centre d'informations sur la peine de mort (DPIC), qui s'attend à ce que le comité des grâces de Géorgie agisse à la dernière minute.
"Juridiquement, il pourrait être exécuté", a précisé l'expert, mais "il y a trop d'incertitude", "trop de doutes et de controverse pour être persuadé" de sa culpabilité.
"Ce n'est pas un cas qui repose sur des preuves matérielles, mais uniquement sur des témoignages", a-t-il dit, "ce type de preuves est faible, fragile".
L'identification visuelle est la plus grande cause d'erreurs judiciaires.
Une étude de l'organisation Innocence Project a montré qu'une erreur d'identification visuelle avait joué un rôle dans 75% des condamnations contredites par une expertise ADN.
"Trente ans de recherches approfondies ont prouvé que l'identification visuelle n'est souvent pas fiable (...) et que l'esprit humain n'est pas comme un enregistreur", selon Innocence Project.
L'affaire remonte à 1989, lors d'une bagarre sur un parking de Savannah. Un jeune policier était intervenu et avait reçu une balle mortelle.
Neuf témoins ont désigné à l'époque Troy Davis comme l'auteur du coup de feu mais l'arme du crime n'a jamais été retrouvée et aucune empreinte digitale ou ADN n'a été relevée.
Depuis, sept témoins sont revenus sur leurs déclarations, dont certains ont désigné un autre tireur.
La Cour suprême avait offert à Troy Davis la possibilité exceptionnelle, en août 2009, de bénéficier d'une nouvelle audience. Plusieurs témoins avaient raconté, sans convaincre le juge fédéral, comment la police les avait persuadés à l'époque de désigner le jeune Noir.
Troy Davis a toujours clamé son innocence. Devenu un symbole international de la lutte contre la peine de mort, il a été soutenu par des personnalités comme Jimmy Carter, le Pape Benoît XVI ou l'actrice Susan Sarandon.
"Depuis le début, il y a eu un intérêt international" pour Troy Davis, rappelle M. Dieter, "les Etats-Unis vont être observés scrupuleusement".
S'il est exécuté, Troy Davis sera le 36e détenu à être mis à mort par injection mortelle aux Etats-Unis en 2011.