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Etats-Unis: grâce refusée à Troy Davis à la veille de son exécution

dépêche de presse du 20 septembre 2011 - Agence mondiale d'information - AFP
Pays :
peine de mort / Géorgie
ATLANTA (Etats-Unis) (AFP) - La justice américaine a refusé mardi la grâce de Troy Davis, un Noir condamné à mort en 1991 pour le meurtre d'un policier blanc et devenu un symbole de la lutte contre la peine de mort, à la veille de son exécution prévue en Géorgie (sud-est).

"Le comité a refusé sa clémence", a indiqué dans un communiqué le comité des grâces de Géorgie.

La réunion de ce comité à Atlanta, la capitale de Géorgie, était considérée comme la dernière chance pour le condamné de voir sa peine de mort commuée en prison à vie, le gouverneur de l'Etat ne disposant pas du droit de grâce.

L'exécution de Troy Davis par injection mortelle est programmée mercredi à 19H00 (23H00 GMT) à la prison de Jackson, malgré des doutes sur sa culpabilité.

"Il est inconcevable que le comité des grâces ait refusé" d'empêcher l'exécution de Troy Davis, a réagi Amnesty International dans un communiqué, qualifiant cette décision "d'affront à la justice". "Amnesty International exhorte le comité à reconsidérer sa décision immédiatement", a ajouté l'organisation de défense des droits de l'homme.

La décision du comité illustre "l'extrême injustice qui ronge notre système de peine de mort", a commenté la puissante organisation de défense des droits civils ACLU.

La mère de Mark MacPhail, le policier tué en 1989 dans la ville de Savannah, s'est en revanche félicitée de la décision. "C'est ce que nous voulions", a déclaré Anneliese MacPhail sur la chaîne CNN. "Justice est en train d'être rendue".

Elle a indiqué qu'elle n'assisterait pas à l'exécution. "Des membres de ma famille seront là et c'est tout ce dont j'ai besoin", a-t-elle dit. Interrogée sur la possibilité qu'elle pardonne un jour à Troy Davis, elle a répondu: "Pas encore, peut-être un jour. Je ne sais pas. Maintenant je ne peux pas".

Le comité des grâces, qui s'est réuni longuement lundi, compte cinq membres. Le comité avait déjà refusé la clémence au condamné en 2008, mais les partisans de Troy Davis avaient fondé leur espoir sur le fait que le comité actuel compte trois nouveaux membres.

Plusieurs dizaines de défenseurs de Troy Davis avaient manifesté lundi devant le siège du comité, portant des pancartes où l'on pouvait lire: "Nous sommes tous Troy Davis" ou "Trop de doutes, sauvez Troy Davis".

Amnesty a indiqué qu'une manifestation était prévue à 19H00 mardi devant le capitole de Géorgie à Atlanta et des organisations anti-peine de mort ont prévu d'organiser une veillée.

Agé de 42 ans, dont 20 passés dans le couloir de la mort, Troy Davis est présenté par ses partisans comme le prototype du Noir condamné à tort. Il est soutenu par des personnalités comme l'ancien président Jimmy Carter, le pape Benoît XVI ou l'actrice Susan Sarandon.

Neuf témoins ont désigné à l'époque Troy Davis comme l'auteur du coup de feu mais l'arme du crime n'a jamais été retrouvée et aucune empreinte digitale ou ADN n'a été relevée. Depuis, sept témoins sont revenus sur leurs déclarations incriminant Troy Davis, dont certains ont désigné un autre tireur.

La Cour suprême avait offert au condamné la possibilité exceptionnelle, en août 2009, de bénéficier d'une nouvelle audience. Plusieurs témoins avaient raconté, sans convaincre le juge fédéral, comment la police les avait persuadés à l'époque de désigner le jeune Noir.

Lundi, la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, a réclamé sa grâce, soulignant que "de sérieux doutes ont toujours entouré les preuves sur lesquelles a été établie la condamnation de M. Davis".

L'Etat de Géorgie a procédé à 51 exécutions depuis le rétablissement de la peine de mort aux Etats-Unis en 1976 et seules sept grâces ont été accordées depuis lors.
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