L'ancien ministre de la Justice Robert Badinter, père de l'abolition de la peine de mort il y a 30 ans en France, a estimé ce soir sur RTL que si Troy Davis était exécuté demain dans l'Etat de Géorgie, "ce sera une tache sur la justice des Etats-Unis".
La justice américaine a refusé mardi de gracier Troy Davis, un Noir condamné à mort en 1991 pour le meurtre d'un policier blanc, et qui proclame son innocence. Devenu un symbole de la lutte contre la peine de mort, ce détenu qui a passé 20 ans dans le couloir de la mort, sera, sauf rebondissement, exécuté demain dans l'Etat de Géorgie. Pour le sénateur socialiste Robert Badinter, "si demain on l'exécute, ce sera une tache sur la justice des Etats-Unis".
"Quand on regarde ce dossier, on voit qu'un jeune Noir a été condamné en Géorgie avec sa vieille tradition qui remonte au temps de l'esclavage, de racisme pour le meurtre d'un policier blanc, et qu'il n'y a aucune preuve matérielle", a-t-il estimé. "L'arme, personne ne l'a jamais retrouvée. Des témoins (se sont) rétractés pour sept sur neuf, l'un d'entre eux allant plus loin encore. On constate que plus de vingt ans après on veut l'exécuter, on se dit qu'on est au dernier degré de l'inhumanité", a ajouté l'ancien garde des Sceaux.
Pour Robert Badinter, "je pose comme je le crois, il est innocent. Ce qu'on se prépare à commettre de sang-froid, c'est un crime, un crime judiciaire, et le pire qu'il soit, l'exécution d'un innocent par la machine judiciaire aveugle".