PARIS (Reuters) - De multiples célébrations marquent ce week-end le 20e anniversaire de l'abolition de la peine de mort en France.
Au-delà de cette célébration, un collectif d'associations juge désormais nécessaire de se poser désormais "la question de l'abolition de la peine perpétuelle".
Il souligne que, depuis 1981, le nombre de personnes condamnées à des longues peines n'a cessé d'augmenter.
Robert Badinter, l'artisan de la décision historique du 9 octobre 1981, a ouvert vendredi soir les cérémonies.
"Le combat ne cessera qu'avec la dernière exécution en ce monde", a déclaré l'ancien ministre de la Justice.
"Pour nous, il n'y a pas et il ne peut y avoir de justice qui tue. Nous refusons que la justice, qui est humaine et faillible, détienne le pouvoir de décider de la vie et de la mort d'un accusé", a-t-il ajouté.
Robert Badinter s'exprimait devant près d'un millier de personnes lors d'une fête sur l'esplanade du château de Vincennes.
Après des lectures d'auteurs abolitionnistes, Cheb Mami, Emir Kusturica et Manu Dibango y ont participé à un concert gratuit.
Samedi, au palais Bourbon, Raymond Forni a également souligné que "le combat porté par les partisans de l'abolition n'est pas achevé".
"La lutte contre l'effroyable droit de tuer demeure une urgence et une nécessité dans tous les pays où il est encore en vigueur", a déclaré le président (PS) de l'Assemblée nationale.
---
Projet pour les détenus âgés
---
Dans le monde, 108 Etats ont aboli la peine de mort, dans leur législation ou dans les faits, mais 87 la maintiennent encore et l'appliquent, selon Amnesty International.
Raymond Forni a également plaidé pour l'amélioration des conditions de détention, soulignant que plusieurs rapports parlementaires dénonçaient la situation dans les prisons françaises, en particulier pour les longues peines.
"Je pense qu'il est peut-être temps de revoir ces périodes intangibles qui accompagnent de manière automatique les condamnations de plus de 10 ans", a-t-il déclaré.
La ministre de la Justice, Marylise Lebranchu, a annoncé à cette occasion la préparation d'un texte visant à suspendre pour "cause médicale grave" la peine de "détenus souvent âgés" dont l'état de santé est incompatible avec la détention.
Cette disposition figurera dans le projet de loi pénitentiaire, a-t-elle précisé.
"La question des longues peines n'est pas qu'une simple question technique. Elle est au contraire chargée de sens. Elle nous incite à ne plus légiférer en étant guidés par la peur".
Le projet de la ministre de la Justice pourrait concerner Maurice Papon, 91 ans, condamné en 1998 à dix ans de réclusion criminelle pour "complicité de crimes contre l'humanité" pendant l'Occupation.
Jusqu'à présent, toutes les demandes de grâce présentées par les avocats de l'ancien fonctionnaire du régime de Vichy ont été rejetées.
Parallèlement au palais Bourbon, le parvis des droits de l'Homme du Trocadéro a été transformé en un espace d'information et de débats, traversé d'un long couloir symbolisant le couloir de la mort.
Ensemble contre la peine de mort, la Ligue des droits de l'homme (LDH) et Amnesty International ont appelé à "se mobiliser et à prendre conscience de la nécessité impérieuse de mettre un terme à la peine capitale à travers le monde".