KANO (Nigeria) - Un Nigérian condamné à mort par lapidation par un tribunal islamique pour avoir eu des relations sexuelles avec trois jeunes garçons a fait appel de cette décision, a indiqué vendredi son avocat à l'AFP.
Jibrin Babaji, 23 ans, a été arrêté le 14 septembre à Bauchi, capitale de l'Etat du même nom, par la hisba, un groupe chargé de l'application de la loi islamique (charia) en vigueur dans cet Etat à majorité musulmane, et inculpé de "sodomie", a précisé Mohammed Abdullahi.
Le 23 septembre, il a comparu devant un tribunal islamique de l'Etat de Bauchi et avoué avoir versé 10 naira (6 centimes d'euros) à trois enfants, dont deux âgés de 10 ans et l'autre de 13 ans, en échange de relations sexuelles.
Le juge Sani Jibril Darazo l'a reconnu coupable de sodomie et l'a condamné à être lapidé, s'appuyant sur une interprétation stricte de la loi islamique.
"Je peux confirmer que nous avons fait appel de la décision, et nous attendons toujours que le tribunal fixe une date pour les audiences", a déclaré à l'AFP l'avocat de M. Babaji, Me Al-Mustapha Sulaiman, joint au téléphone à Bauchi.
Il a ajouté qu'il ne souhaitait pas dévoiler les motivations contenues dans l'appel avant que la Haute cour de Bauchi ne fixe une date pour les audiences.
Les trois enfants, eux, ont été condamnés à recevoir six coups de canne chacun pour avoir accepté les avances de Jibrin Babaji.
M. Babaji et les trois mineurs, qui sont détenus par la hisba, ont été arrêtés et inculpés par la police loyale au gouvernement fédéral du président nigérian Olusegun Obasanjo.
Aucune personne n'a été exécutée par lapidation durant les trois dernières années depuis que les 12 Etats majoritairement musulmans du Nigeria ont commencé à réintroduire la charia après la fin du régime militaire dans le pays. Seul, une personne présumée coupable de meurtre a été pendue après avoir été jugé par un tribunal appliquant la charia.
M. Babaji est le second homme à avoir été condamné à la peine de mort par lapidation pour des crimes sexuels depuis que l'Etat de Bauchi a réintroduit la charia il y a trois ans.
M. Yunusa Rafin Chiyawa avait été condamné en juin 2001 pour avoir séduit l'épouse enceinte de son voisin et pour être parti avec elle pendant deux semaines.
Son amant a été acquitté après qu'elle eut juré sur le Coran qu'elle avait été hypnotisée par le défendant.
M. Chiyawa, qui était alors âgé de 35 ans, avait insisté sur le fait qu'il aimait cette femme et qu'il referait la même chose avec elle de nouveau. Il a reconnu l'adultère et n'a pas engagé de procédure d'appel.
L'Etat de Bauchi n'a cependant pas encore pris de dispositions pour l'éxécuter.
Selon des observateurs, M. Chiyawa n'a pas été exécuté car de de nombreux gouverneurs du nord du pays hésiteraient à concrétiser la sentence qui serait considérée par de nombreuses personnes comme étant barbare.
Dans une affaire largement médiatisée, une Nigériane, Amina Lawal qui avait été condamnée à mourir par lapidation pour adultère aux termes de la Charia a été acquittée.
La loi islamique a été réintroduite de manière controversée depuis 2000 dans douze Etats à majorité musulmane du nord du Nigeria.