ISLAMABAD (AFP) - Un policier condamné à la peine capitale pour avoir assassiné le gouverneur du Penjab (est du Pakistan) car ce dernier avait critiqué la loi sur le blasphème a fait appel de cette sentence, a annoncé jeudi à l'AFP un de ses avocats.
Mumtaz Qadri, policier d'élite qui faisait partie de l'escorte du gouverneur Salman Taseer, avait été condamné à mort samedi dernier par un tribunal anti terroriste de Rawalpindi, ville-jumelle de la capitale Islamabad.
"Nous avons aujourd'hui fait appel de ce verdict devant la Haute cour d'Islamabad, en contestant la peine de mort", a déclaré par téléphone Shuja-ur-Rehman, l'un des avocats de Mumtaz Qadri, estimant que le tribunal anti terroriste n'était pas compétent pour le juger, et que son verdict était donc "illégal".
L'assassinat du gouverneur Taseer était le crime politique le plus spectaculaire depuis l'attentat suicide qui avait tué l'ancien Premier ministre Benazir Bhutto en décembre 2007.
Salman Taseer avait apporté son soutien à une chrétienne, Asia Bibi, condamnée à mort en novembre 2010 pour avoir "insulté" le prophète Mahomet, selon ses accusateurs. Cacique du parti du peuple pakistanais (PPP) au pouvoir et considéré comme l'un des politiciens les plus libéraux du pays, il avait été abattu d'une trentaine de balles le 4 janvier à Islamabad.
Mumtaz Qadri, qui l'escortait ce jour là, s'était aussitôt rendu à la police en avouant son crime, expliquant avoir agi ainsi car M. Taseer avait critiqué la loi punissant théoriquement le blasphème de la peine de mort dans la République islamique du Pakistan, une législation défendue bec et ongles par les puissants cercles religieux conservateurs.
Le 2 mars le ministre chrétien des Minorités religieuses, Shahbaz Bhatti, avait été tué pour le même motif par des inconnus.
A l'annonce du verdict samedi, près de 500 personnes rassemblées devant la prison pour défendre Qadri avaient scandé des slogans à sa gloire.
Face à l'agitation islamiste, le gouvernement a indiqué qu'il n'avait aucune intention d'amender la loi sur le blasphème. La peine de mort prononcée pour ce motif n'est toutefois jamais appliquée au Pakistan, ou alors commuée en appel en peine de prison.