PARIS (Reuters) - Robert Badinter, ancien Garde des sceaux, considère que le contexte international né des attentats antiaméricains du 11 septembre ne doit nullement conduire à une remise en cause de l'abolition de la peine de mort dans les démocraties européennes.
"S'il y a un domaine dans lequel l'ineffectivité de la peine de mort est établie, c'est bien le terrorisme", a déclaré l'ancien ministre interrogé sur France Inter vingt ans jour pour jour après l'adoption par le Sénat de l'abolition de la peine de mort.
"Jamais nulle part on n'a dissuadé les terroristes en brandissant la menace de la mort", a-t-il souligné.
"Ceux qui ont agi et provoqué ces attentats atroces, qui sont des crimes contre l'humanité, à New York, ceux-là se sont donné la mort (...), c'est dire que le terroriste donne la mort et la reçoit, il est prêt à l'accepter", a expliqué Robert Badinter.
Le principal artisan de l'abolition de la peine de mort en France estime même que juger, condamner à mort et exécuter un terroriste alimentent le terrorisme.
"Il devient du fait de son exécution un martyr je dirai plus consacré encore que simplement par le crime qu'il commet et à ce moment-là vous avez des légions de jeunes gens qui à leur tour, fanatisés par cet exemple, créent autant de commandos de la mort", a-t-il dit.
"Loin d'être un remède contre le terrorisme, en réalité, cela apparaît comme un facteur (...) qui nourrit ensuite les vocations terroristes", a-t-il conclu.