La justice du Texas a accordé lundi un répit à Hank Skinner en suspendant son exécution prévue mercredi, le temps d'examiner un recours de ses avocats demandant des tests ADN qui, selon eux, innocenteraient cet Américain détenu depuis 16 ans dans le couloir de la mort.
"L'exécution (du condamné) est suspendue dans l'attente qu'un jugement soit rendu pour cet appel", a indiqué la Cour dans un arrêt obtenu par l'AFP.
La Cour estime qu'il est plus "prudent" de procéder à un examen de la requête de M. Skinner, marié à une Française, Sandrine Ageorges, au regard des règles en vigueur sur les tests ADN dans l'Etat du Texas (sud).
Les juges d'appel remarquent que cette législation "a subi plusieurs changements depuis sa création" sans qu'ils aient "jamais été pris en compte dans ce dossier".
"Parce que le statut (dans la loi) de l'ADN a changé, et parce que certains de ces changements sont le fait de cette affaire, nous estimons qu'il serait prudent pour cette Cour de prendre le temps d'examiner dans quelle mesure ces changements affectent ce dossier", poursuit l'arrêt.
Un avocat du condamné à mort, Rob Owen, a aussitôt salué cette décision, soulignant qu'elle permettait "à la demande de tests ADN de M. Skinner de recevoir l'examen sérieux et minutieux qu'elle mérite".
Les avocats de M. Skinner avait demandé cette suspension pour préparer un appel au rejet jeudi par un tribunal texan d'une nouvelle demande -- la troisième -- de tests ADN.
Ils s'appuient sur une loi, approuvée au printemps par le Congrès texan, qui pourrait annuler le second refus de tests ADN opposé en 2009.
Avec le texte précédent, M. Skinner s'était vu refuser ces analyses au motif que c'était de sa responsabilité si celles-ci n'avaient pas été réalisées au moment du procès en 1995. Le premier refus, en 2003, était fondé sur le fait qu'il n'avait pas réussi à prouver que de nouveaux tests ADN l'innocenteraient.
Henry "Hank" Skinner a été condamné à la peine capitale pour les meurtres le soir du Nouvel An 1993 de sa compagne d'alors, battue à mort, et des deux fils de celle-ci, poignardés.
M. Skinner, 49 ans, a toujours nié avoir commis le triple meurtre et a demandé à la justice que des tests ADN soient réalisés sur des éléments de preuve qui n'ont jamais été analysés.
Hank Skinner n'a jamais nié être sur les lieux du crime, mais il affirme avoir ingurgité un cocktail de médicaments et de vodka qui le mettait dans l'incapacité de commettre ce triple meurtre.
La suspension de son exécution est un soulagement pour sa femme, qui déclarait encore samedi à l'AFP, être "sans illusion sur un système bien trop politique" pour que la vérité puisse l'emporter.
L'avocat de M. Skinner avait estimé pour sa part que ce dossier devienne une "controverse nationale" du fait que le gouverneur du Texas, Rick Perry, farouche partisan de la peine capitale, était candidat à l'investiture républicaine pour l'élection présidentielle.
L'organisation américaine de défense des libertés civile (Aclu) s'est également félicité de la suspension de l'exécution.
"Bien que la Cour n'ait pas décidé si oui ou non elle demanderait des tests ADN (...), cette décision est un signe encourageant", écrit l'organisation sur son site internet, notant que la Cour d'appel avait pour habitude de rejeter les demandes de suspension d'exécutions. "C'est pourquoi nous avons des motifs d'espoir que justice soit finalement rendue".