(Agence France-Presse) - Washington - Les condamnations à mort aux États-Unis ont dégringolé de 75% en quinze ans, atteignant leur plus bas niveau depuis le rétablissement de la peine capitale en 1976, un phénomène qui s'accompagne d'un déclin continu des exécutions, selon un rapport publié jeudi.
Avec 78 peines de mort prononcées en 2011, c'est la première fois en 35 ans que le pays a condamné moins de 100 accusés au châtiment suprême en une année, souligne le rapport annuel du Centre d'information sur la peine de mort (DPIC), une organisation indépendante à but non lucratif.
En 1996, l'année record, 315 personnes avaient été condamnées à mort.
Les exécutions ont aussi continué à diminuer, à 43 en 2011, 46 en 2010, soit une baisse de moitié par rapport à 1999, l'année qui a connu le plus de mises à mort depuis que la Cour suprême a rétabli la peine capitale.
«Cette année, l'utilisation de la peine de mort a continué son déclin à presque tous les niveaux. Les exécutions, les condamnations à mort, le soutien populaire, le nombre d'États avec la peine capitale ont diminué par rapport aux années précédentes», a déclaré Richard Dieter, le directeur du DPIC.
«Qu'ils soient préoccupés par l'injustice, l'exécution d'un innocent, le coût de la peine de mort ou un sentiment général que le gouvernement ne fait pas ce qu'il faut, les Américains se sont éloignés de la peine capitale en 2011», a commenté l'auteur du rapport.
L'exécution de Troy Davis en Géorgie a provoqué «un tollé national», selon M. Dieter. «De nombreux Américains ont été choqués d'apprendre qu'un homme puisse être exécuté en dépit de forts doutes sur sa culpabilité», précise le rapport.
Les sondages ont montré «le plus bas niveau de soutien» de l'opinion publique pour ce châtiment et «la plus forte opposition en près de 40 ans». Quelque 61% des Américains restent cependant favorables à la peine de mort, contre 80% en 1994, 35% y sont opposés contre 16% en 1994.
Le nombre d'États ayant renoncé à la peine capitale a grossi à 16 avec l'Illinois, qui l'a abandonnée en 2011, après que trois autres États l'ont abolie en quatre ans. L'Oregon vient de décider un moratoire.
Treize États sur cinquante ont appliqué la sentence cette année.
Le DPIC relève des disparités dans le pays: 74% des exécutions ont eu lieu dans le Sud et 87% des condamnations à mort ont été prononcées dans le Sud et l'Ouest.
Mais le déclin s'observe aussi au Texas, l'État américain qui a procédé à 30% des exécutions dénombrées au niveau national: il a infligé cette sentence à 8 personnes contre 48 en 1999 et a exécuté 13 personnes, une baisse de 50% par rapport à 2007, selon le rapport de la Coalition du Texas pour abolir la peine capitale (TCADP) publié également jeudi.
Le rapport relève les disparités entre comtés -seuls 6 sur les 254 que compte l'État ont prononcé des nouvelles peines de mort cette année- et entre races. Près des trois quarts des peines de mort prononcées au Texas au cours des 5 dernières années l'ont été contre des gens de couleur.
«Une inquiétude de longue date demeure sur l'administration arbitraire et partiale de la peine capitale», a souligné Kristin Houlé, directrice du TCADP.
Commentant le rapport, les avocats du Texas Defender Service soulignent le «malaise grandissant» des Texans vis-à-vis des «problèmes chroniques» touchant le système de la peine de mort «y compris le risque de condamner un innocent».
Depuis 1976, 139 détenus du couloir de la mort ont été innocentés au niveau national, dont 12 au Texas, ajoutent-ils dans un communiqué.