LE CAIRE — De nombreux partis politiques égyptiens refusent de s'engager sur les droits des femmes et la peine de mort, notamment les formations islamistes qui dominent l'assemblée nouvellement élue, a affirmé mardi l'organisation Amnesty International.
"Si les partis sont favorables à la levée de l'état d'urgence, beaucoup refusent de s'engager sur les droits des femmes", écrit l'organisation dans un communiqué publié à la suite d'une enquête menée auprès des partis égyptiens qui étaient en lice pour les récentes élections législatives.
"La plupart des principaux partis politiques égyptiens s'engagent à mettre en oeuvre une réforme ambitieuse en termes de droits humains dans le cadre de la transition en Égypte", écrit Amnesty.
"En revanche, s'agissant de s'engager à mettre un terme à la discrimination, à protéger les droits des femmes et à abolir la peine de mort, ils délivrent des messages ambigus voire refusent catégoriquement", poursuit le communiqué.
Les partis étaient invités à se prononcer sur un manifeste de dix mesures à prendre pour faire avancer les droits en Egypte, adressé par Amnesty.
Le parti salafiste (fondamentaliste) al-Nour (Lumière), qui détient près du quart des sièges, "a souscrit oralement à tous les engagements présentés dans le manifeste, à l'exception de l'abolition de la peine de mort et de la protection des droits des femmes".
Le parti de la liberté et de la justice (PLJ, issu des Frères musulmans), qui a raflé près de la moitié des sièges (47%) de la nouvelle assemblée, désormais présidée par l'un des siens, n'a ni répondu à Amnesty, ni accepté de recevoir ses représentants.
Un parti libéral et laïc, le parti des Egyptiens libres de l'homme d'affaires copte (chrétien) Naguib Sawiris n'a pas non plus répondu à l'enquête d'AI.
Seules deux petites formations, le parti social-démocrate égyptien et l'alliance populaire socialiste, ont souscrit en totalité aux dix engagements qui leur étaient présentés.
Une dizaine d'autres ont exprimé verbalement ou par écrit un accord sur la majorité des points, mais pour la plupart sans s'engager sur l'abolition de la peine de mort et/ou les droits des femmes, de même que pour "mettre fin à la discrimination".
Les thèmes les plus consensuels sont en revanche la fin de l'état d'urgence, le combat contre la torture, la liberté d'expression et d'association, ou l'application des droits économiques et sociaux, notamment dans les bidonvilles.
La nouvelle assemblée égyptienne, dont la première séance s'est tenue lundi, ne compte que dix femmes -huit élues et deux nommées directement par le chef de l'armée et chef d'Etat de fait, le maréchal Hussein Tantaoui- sur 508 députés.
"D'énormes obstacles restent à franchir pour que les femmes puissent jouer pleinement leur rôle dans la vie politique en Egypte", écrit Philip Luther, directeur adjoint du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient d'AI.