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Indonésie: l'artificier présumé des attentats de Bali devant la justice

dépêche de presse du 13 février 2012 - Agence mondiale d'information - AFP
Pays :
peine de mort / Indonésie
Le procès d'Umar Patek, un islamiste arrêté dans la ville où a été tué Oussama Ben Laden, s'est ouvert lundi devant un tribunal de Jakarta, qui doit le juger pour la confection des explosifs des attentats de Bali en 2002, les plus sanglants de l'histoire de l'Indonésie.

Large sourire aux lèvres, et les deux pouces levés en signe de bravade, Umar Patek est apparu à l'entrée du tribunal de Jakarta-Ouest, pour ce dernier grand procès de l'islamisme indonésien, après l'exécution ou l'emprisonnement de nombreux militants ces dernières années.

"L'accusé Umar Patek a commis un complot diabolique en vue d'obtenir, fournir et détenir des armes à feu, des munitions et des explosifs ou autres matériels dangereux, à des fins terroristes", a déclaré le représentant de l'accusation, Widodo Supriady, dans une salle du tribunal prise d'assaut par les journalistes.

Arborant sa traditionnelle barbe fournie, et la tête recouverte d'un chapeau de prière musulman, Umar Patek est arrivé au tribunal dans un véhicule blindé, emblématique de l'important dispositif de sécurité mis en place pour le procès, prévu pour durer plus de quatre mois.

Aucune manifestation ni regroupement de partisans n'a eu lieu, à la différence des procès similaires survenus par le passé. Seuls quelques "Allah Akbar" ont fusé dans le public à la fin de cette première courte journée d'audience, qui s'est résumée à une seule matinée consacrée à la lecture des chefs d'inculpation.

A la sortie du tribunal, Patek s'est levé tout sourire en direction des magistrats qui le jugeront, leur serrant la main et échangeant quelques mots.

Patek, 45 ans, est la dernière figure du Jemaah Islamiyah (JI) à comparaître devant la justice indonésienne. Considéré comme le bras armé en Asie du Sud-Est de la nébuleuse Al-Qaïda, le JI est responsable de la plupart des attentats perpétrés en Indonésie.

Recherché par de nombreuses polices, Umar Patek avait été extradé en août dernier du Pakistan, après avoir été capturé en janvier 2011 à Abbottabad, là même où Oussama Ben Laden a été tué par l'armée américaine, quatre mois plus tard.

Passible de la peine de mort, Umar Patek a déjà reconnu avoir aidé à la confection des explosifs qui avaient soufflé un pub et une boîte de nuit dans la station balnéaire de Kuta, sur l'île indonésienne de Bali, le 12 octobre 2002.

L'attentat avait fait 202 morts, dont 88 Australiens et 4 Français. Il avait fait découvrir avec effroi que l'Indonésie, pays musulman le plus peuplé de la planète jusqu'alors réputé modéré, abritait un réseau fondamentaliste.

Umar Patek est également poursuivi pour la fabrication des bombes, maquillées en cadeaux de Noël, qui avaient fait 19 morts dans des églises le 24 décembre 2000; ainsi que pour avoir participé à la mise en place d'une cellule d'Al-Qaïda en Indonésie.

Il n'a certes pas joué un rôle aussi proéminent que les leaders du JI qui ont récemment été incarcérés ou tués, dont les cerveaux des attaques de Bali. L'Indonésie, qui assure avoir largement démantelé le JI, n'a plus connu d'attentats majeurs depuis ceux qui avaient fait neuf morts dans deux hôtels de luxe de Jakarta, en juillet 2009.

"On lui a demandé de faire les bombes. Il n'est pas à l'origine des attentats" de Bali, a assuré à la sortie de l'audience l'avocat de Patek, Asludin Hatjani.

Mais l'accusation, qui a appelé à la barre 86 témoins, espère en apprendre plus lors du procès sur le réseau tissé par le JI et en particulier la nature des liens qu'aurait pu entretenir Umar Patek avec Ben Laden. "Ce n'est pas une coïncidence" si Patek a été arrêté dans la ville pakistanaise où se cachait le chef d'Al-Qaïda, estime Noor Huda Ismail, expert à l'Institute for International Peacebuilding.
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