RABAT (AFP) - Le président du tribunal antiterroriste du Maroc a alourdi vendredi en appel toutes les peines contre les auteurs de l'attentat meurtrier de Marrakech (sud), confirmant la peine capitale pour le principal accusé, et prononçant la même peine à l'encontre de son principal complice, a constaté l'AFP.
Le principal accusé, le Marocain Adil Al-Atmani, avait été condamné à mort en première instance en octobre et son complice Hakim Dah à la prison à perpétuité pour cet attentat à la bombe perpétré en avril 2011, dans le café Argana de Marrakech (sud) qui avait fait 17 morts le 28 avril dernier, dont onze touristes européens, huit Français et trois Suisses.
La Cour a également alourdi la condamnation de six autres accusés à des peines de 6 à 10 ans de prison et confirmé une peine de deux ans de détention pour le neuvième co-accusé.
Le procureur du tribunal avait requis mercredi la "confirmation" de la peine de mort prononcée en octobre contre Adil Al-Atmani et demandé la "confirmation" de la peine à perpétuité contre Hakim Dah.
Dans son réquisitoire, le procureur avait également requis "l'aggravation" du verdict prononcé le 28 octobre en première instance contre sept autres complices pour cet attentat qui avait fait 17 morts en avril 2011, dont des Français et des Suisses.
Les neuf accusés avaient été tous condamnés pour leur "implication avérée" dans l'attentat de Marrakech, principale ville touristique du royaume.
Le parquet avait interjeté appel, en qualifiant de "clémentes" les peines de réclusion prononcées.
Le verdict contre les sept "complices" avait provoqué à cette époque la colère des familles des victimes. Ces dernières avaient crié au scandale.
Un des avocats des accusés, Khalil Idrissi a critiqué le verdict "lourd" de la Cour, qu'il a considéré comme étant un acte de "complaisance" envers les familles des victimes et de leurs pays.
Un autre défenseur des accusés, Me Abdelrahman a estimé que "la Cour a aggravé les peines contre plusieurs accusés qui n'ont aucun rapport avec ce crime".
Mais les familles des victimes françaises se sont déclarées satisfaites.
"Je peux faire mon deuil maintenant", a déclaré à l'AFP Jacques Maude, un proche d'une des victimes, qui a réitéré sa confiance dans la justice marocaine.
Principal avocat de la partie civile, Me Abdelrahim Jamei a pour sa part commenté: "le dossier est clos, bien que le verdict soit lourd".
Cet attentat, qui avait secoué le pays, était le premier à être perpétré au Maroc depuis 2003. Il avait porté un coup très rude au tourisme, une des principales sources de devises étrangères du royaume.
Mercredi, les accusés ont nié catégoriquement les charges retenues contre eux, les avocats de la partie civile ayant pour leur part qualifié de "lâche" cette attitude.
La défense des familles de victimes a renouvelé à cette occasion sa demande, comme elle l'avait fait en octobre, de "ne pas condamner le principal accusé à la peine de mort".
Dès les premières séances du procès, les familles des victimes avaient souhaité que le principal accusé ne soit pas condamné à la peine capitale pour qu'on "ne le considère pas comme un martyr".
Toujours inscrite dans le code pénal --mais en voie d'être formellement supprimée --la peine de mort n'est plus appliquée au Maroc depuis 1992.
La nouvelle constitution votée en juillet prévoit pour la première fois explicitement le "droit à la vie".